Jean-Hugues Anglade et Béatrice Dalle dans 37°2 le matin de Jean-Jacques Beineix
Cargo Films- Constellation

Pour fêter ses 35 ans, le film- culte de Jean- Jacques Beineix est à l’honneur ce soir de « Place au cinéma » sur France 5, présenté par Dominique Besnehard

Le premier Philippe Djian porté sur grand écran

37°2 le matin met en scène l’histoire d’amour passionnelle et tragique entre Zorg, aspirant à un peu de répit dans une vie un peu trop agitée à son goût et Betty, grenade dégoupillée qui va venir faire voler en éclat – pour le meilleur comme pour le pire – cet équilibre auquel il aspirait. Mais avant d’être un film, 37°2 le matin fut un livre, publié l’année précédente en 1985. Le troisième roman de Philippe Djian mais son tout premier à être porté sur grand écran, avant Bleu comme l’enfer par Yves Boisset dans la foulée puis Impardonnables par André Téchiné en 2011, Incidences par Arnaud et Jean- Marie Larrieu avec L’Amour est un crime parfait en 2013 et Oh... que Paul Verhoeven adapte avec Elle en 2016. Grand admirateur du cinéma de Beineix qui avait auparavant signé Diva et La Lune dans le caniveau, Djian fut un temps inquiet de sa volonté de « trahir » son roman avant de s’en féliciter au vu des résultats. Et ce même si le film eut à subir du retard au démarrage. Six mois précisément, le temps d’un procès pour récupérer les droits du livre bloqués.

Un casting signé Dominique Besnehard

Quand Jean- Jacques Beineix écrit l’adaptation de 37°2 le matin, il a deux noms d’interprètes en tête : Gérard Lanvin qui sort du double carton de Marche à l’ombre et des Spécialistes et Valérie Kaprisky, tout juste révélée par La Femme publique et L’Année des méduses. Mais une fois le scénario achevé, il change son fusil d’épaule. Il veut une inconnue pour jouer Betty et balaie la volonté de son producteur qui souhaite Isabelle Adjani. Et cette inconnue, c’est son directeur de casting Dominique Besnehard qui va la lui apporter sur un plateau. Une brune incendiaire de 21 ans qu’il a repéré sur la couverture du magazine Photo dans le cadre d’une série sur les lolitas. Mais Besnehard n’en reste pas là. Il convainc aussi le cinéaste, un temps réticent - car il le trouve trop jeune et trop fragile pour le rôle - de prendre Jean- Hugues Anglade pour Zorg. La vision de sa prestation dans L’Homme blessé de Patrice Chéreau changera définitivement la donne à son avantage.

Beineix- Yared, deuxième

37°2 le matin marque la deuxième des trois collaborations entre Jean- Jacques Beineix et Gabriel Yared (la dernière sera IP5 en 1992). C’est après l’avoir vu diriger ses musiques composées pour Sauve qui peut (la vie) de Jean- Luc Godard et Malevil de Christian de Chalonge à la télévision dans Le Grand échiquier de Jacques Chancel que le cinéaste l’avait contacté pour imaginer la bande originale de La Lune dans le caniveau. Et dans la foulée, il lui propose de travailler sur la musique de 37°2 le matin. Un changement d’échelle : on passe de 90 à 5 musiciens. Mais aussi de style musical : à une ambiance d’opéra succède un mélange assumé des genres, nourri de leurs passions communes pour Marvin Gaye, les Beatles ou la musique brésilienne. Et pour le thème principal, C’est le vent Betty, il a imaginé au piano une gamme que Béatrice Dalle – qui, contrairement à Jean- Hugues Anglade, ne pratique pas cet instrument - pourra jouer en autodidacte. Ce morceau participera à l’immense succès de cette B.O.. Le tout premier de la carrière de Yared qui, nommé aux César, s’inclinera cependant face au génie Herbie Hancock pour le Autour de minuit de Bertrand Tavernier.


A lire aussi sur Première