Kraven
Sony Pictures

Le réalisateur de Margin Call et A Most Violent Year, plus un acteur un peu cool (Aaron Taylor-Johnson) et la promesse d’un film R-Rated bien brutal. Il n’en fallait pas plus pour que les amateurs de films de super-héros se laissent berner une dernière fois ?

Après Venom, Morbius et Madame Web, on ne pouvait pas manquer l’enterrement annoncé de l’univers (sans) Spider-Man de Sony. Aucun autre film n’est en développement du côté de Columbia Pictures. Et Kraven the Hunter est donc censé clore cette série de films désordonnée qui s’est évertuée à tisser des liens (pun intended) pour finalement disparaitre honteusement six ans après son lancement. 

Comme ses petits copains, Kraven est un super-vilain némésis de Spidey dans les comics. Problème, Sony n’a pas le droit de faire apparaître Tom Holland dans ces films. Chacun a donc droit à son spin-off où il se retrouve propulsé anti-héros, faisant face à d’autres méchants mais eux vraiment méchants. L’ombre de Peter Parker plane quelque part mais chut, il ne faut pas dire son nom. 

Les cinq films sortis jusqu’ici ont amassé 2,1 milliards de dollars au box-office. Un succès trompeur. La trilogie Venom a inexplicablement cartonné, tandis que Morbius et Madame Web ont été des fours monumentaux. Mais leur point commun est d’avoir été dézingués par la critique. Au point que le réalisateur J.C. Chandor a appelé à la clémence des fans avant la sortie de Kraven

"Les gens doivent nous donner une chance et venir soutenir le film, et littéralement tenter d’oublier certaines choses qui se sont produites. Donnez une chance à notre film".

Kraven
Sony Pictures

Le réalisateur de Margin Call et A Most Violent Year, plus un acteur un peu cool (Aaron Taylor-Johnson) et la promesse d’un film R-Rated bien brutal. Il n’en fallait pas plus pour que les amateurs de films de super-héros se laissent berner une dernière fois ? 

Sauf qu’avant même la sortie du film on était fixé. Il y a dix jours, Sony a lâché les 8 premières minutes de Kraven the Hunter sur internet. Et on pouvait déjà mesurer l’ampleur du massacre. 

Reprenant la fausse chanson soviétique d’A la poursuite d’Octobre Rouge (composée par un américain d'origine grecque, Basil Poledouris), cette séquence d’ouverture nous montre Kraven s’introduire dans une prison pour tuer un baron du crime après un dialogue en russe post-synchronisé n’importe comment. Le ton est donné. 


 

Kraven frise régulièrement le ridicule. A l’image du flashback nous montrant comment le jeune Sergei Kravinoff a acquis ses pouvoirs lors du partie de chasse qui a mal tourné. Blessé mortellement par un lion fabuleux, Zar, il est sauvé par une potion miraculeuse et se voit doté d’aptitude surhumaines grâce au sang du fauve qui s’est mêlé au sien. Il part alors vivre sa vie de chasseur de méchants, laissant son petit frère frère fragile seul avec leur père, lui-même un grand criminel. 

Et ça cabotine fort pendant un peu plus de 2h. Taylor-Johnson, décidément un acteur médiocre, dégaine sa petite mine ironique en toutes circonstances. Dans la lignée de L’Exorciste du Vatican, Russell Crowe (son paternel), toujours plus gargantuesque, semble très fier d’avoir débloqué un nouvel accent. Fred Hechinger (son frérot) parvient à surjouer autant que dans Gladiator 2. Mais moins qu’Alessandro Nivola (Rhino, le boss de fin). Et la pauvre Ariana DeBose (son acolyte) semble bien perdue au milieu de tout ça. 

Malgré tout ces efforts, Kraven ne va pas assez loin pour basculer dans le camp ou le nanard pur, et nous offrir la possibilité de le savourer au second degré comme Venom. On est simplement face à une production au rabais, avec son scénario ultra basique, ses effets spéciaux low cost et une mise en scène totalement désincarné. Les mots nous manquent pour décrire le pouvoir de L’Etranger (Christopher Abbott), un super-tueur qui dit "1, 2, 3" avant de se déplacer furtivement pour zigouiller des types. 

Kraven
Sony Pictures

En dehors de quels moment gentiment gore (avec des splash de sang en CGI), les scènes de combat déçoivent aussi, ce qui aurait dû être le point fort d’un film sur un personnage bestial comme Kraven. Mais Chandor a préféré en faire un protecteur des animaux au grand coeur. 

Pire, en plein déni, le réalisateur a vraiment conçu Kraven comme le début d’une saga, avec l’introduction d’un grand méchant pour la suite et le clin d’oeil inutile à Spider-Man au cas où Kevin Feige, pris de démence, accepte que Tom Holland aille se plonger dans ce bourbier. 

Chandor, parlons-en. Le début des années 2010, quand les premiers film du réalisateur américain portaient une certaine promesse de cinéma, semblent bien loin. Après Triple Frontière, projet abandonné par Kathryn Bigelow qui devait sortir au cinéma et a finalement atterri sur Netflix, il descend encore d’un cran. Hollywood a encore eu raison d'un auteur, et c'est bien triste...