Affiches Films à l'affiche semaine du 18 décembre 2024
The Walt Disney Company France/ ARP/ Sony

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
MUFASA : LE ROI LION ★★☆☆☆

De Barry Jenkins

L’essentiel

Le prequel de Barry Jenkins est un régal pour les yeux (et les oreilles), mais n’apporte pas grand chose à la mythologie du Roi Lion.

Une suite ? Un prequel ? Un peu des deux. Puisque le film de Barry Jenkins raconte histoire de Mufasa dans ses jeunes années, et de son amitié avec Taka, un prince qui va l’accueillir comme son frère après l’avoir sauvé de la noyade. Nous raconter ce qu’on savait déjà, sous un nouveau prisme, c’est le jeu des prequel. Mais Mufasa : Le Roi Lion n’est pas Le Parrain 2, et Barry Jenkins a bien dû mal à injecter du tragique et à nous captiver avec sa réflexion sur la destinée et la filiation. Il retombe même dans les travers du Roi Lion, et sa propagande monarchique maintes fois analysée.  A défaut de nourrir la mythologie Roi Lion, Mufasa reste cependant un divertissement familial magnifique pour les yeux. La technique du photoréalisme est maitrisée à la perfection, et on ne peut qu'admirer le soin apporté aux détails, comme le pelage mouillé des félins après un séjour dans l’eau.  Les amateurs de Lin-Manuel Miranda en auront aussi pour leur argent. Le prodige de Broadway signe de nouvelles musiques entrainantes et originales. Dommage que tout cela soit mis au service d’une fan fiction que le public, ironie du sort, s’apprête à bouder d’après les dernières prévisions de la presse hollywoodienne. 

Edouard Orozco

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PREMIÈRE A AIME

LE BEAU RÔLE ★★★☆☆

De Victor Rodenbach

C’est loin d’être sa seule qualité, mais le premier film du scénariste Victor Rodenbach (qui a officié sur Platane, Les Grands ou Dix pour cent) a l’excellente intuition de réunir Vimala Pons et William Lebghil, alias Nora et Henri. Duo hilarant et couple fusionnel, puisqu’elle met en scène les pièces de théâtre dans lesquelles il joue. Mais Henri décroche un rôle inespéré au cinéma, compromettant la création de leur nouveau spectacle. La séparation semble inévitable… Comment s’aimer sur le long terme ? Et appartient-on vraiment à l’autre ? Film malin sur la part d’indépendance indispensable à chaque histoire d’amour, Le Beau Rôle traite le sujet comme une comédie romantique d’une modernité à toute épreuve. Rodenbach déjoue les attentes autour d’un genre codifié (la tarte à la crème de la tromperie donne lieu à l’une des meilleures scènes) et passe avec aisance du rire aux larmes. Costaud.

François Léger

UNE LANGUE UNIVERSELLE ★★★☆☆

De Matthew Rankin

« Une hallucination autobiographique ». Voilà comment Matthew Rankin décrit son film mêlant trois histoires qui s’enchevêtrent autour d’un personnage qu’il incarne lui- même : un fonctionnaire montréalais qui rentre voir sa mère malade dans sa ville natale, Winnipeg. Et ces mots résument à merveille cette comédie peuplée de situations toutes plus perchées les uns que les autres dans une métropole canadienne où tout le monde parle farsi comme à Téhéran ! Il y a tout à la fois du Où est la maison de mon amie ? de Kiarostami (les stratagèmes mis en œuvre par deux enfants pour récupérer un billet de banque prisonnier de la glace) que du Wes Anderson ou du Roy Andersson dans la manière dont Rankin déploie de la fantaisie par sa mise en scène d’une grande rigueur, dans la composition des plans comme la façon d’y faire évoluer ses personnages. Et on prend un bonheur fou à se perdre dans ce film que le Canada a choisi pour le représenter aux Oscars.

Thierry Cheze

AU CŒUR DES VOLCANS : REQUIEM POUR KATIA ET MAURICE KRAFT ★★★☆☆

De Werner Herzog

On découvrait il y a deux ans le sidérant Fire of Love de Sara Dosa, portrait d’un couple de vulcanologues français, Katia et Maurice Krafft qui auront toute leur vie, flirté avec la lave jusqu’à en mourir en 1991. Revoici les Krafft à la lumière du grand Werner Herzog (Fitzcarraldo) qui y ajoute son œil de cinéaste amoureux de l’extrême. Sous-titré « requiem », ce film est à la fois une ode à la vie (l’irruption) et à la mort (destruction, désolation) Un envoûtement.

Thomas Baurez

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

OH, CANADA ★★☆☆☆

De Paul Schrader

Dès les premières minutes, un gros plan sur un Richard Gere comme embaumé par la maladie, saute aux pupilles du spectateur immédiatement hanté par le fantôme de Julian Kay, l’éphèbe qu'il incarnait jadis dans American Gigolo du même Paul Schrader. Il est ici Leonard Fife, un homme d’images qui au seuil de sa vie livre ses confessions à une équipe de télévision. Un passé décomposé au gré des confessions, des souvenirs, où Gere apparaît alors sous les traits du jeune et élancé Jacob Elordi. Après sa trilogie janséniste amorcée avec Sur le chemin de sa rédemption, ce Oh, Canada se voudrait plus lyrique mais c’est oublier que Schrader est peu adepte des grandes effusions. Son Fife est un dissimulateur qui aura cherché en réalisant des documentaires une vérité qu’il n’arrivait pas à saisir sur lui-même. Et tout ça finit malheureusement par donner une impression de statu quo émotionnel. Quant à Gere, flamboyant malgré la détérioration programmée de son personnage, il est la lumière intérieure de ce film-cercueil.

Thomas Baurez

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SARAH BERNHARDT, LA DIVINE ★★☆☆☆

De Guillaume Nicloux

Entre ici, Sarah Bernhardt… Après Simone Veil ou Charles Aznavour, au tour de la Divine d’avoir droit au traitement biopic Qualité France. On sent néanmoins d’emblée que Guillaume Nicloux entend éviter à tout prix l’ornière de la bio-Wikipédia. Plutôt qu’un récit linéaire, il a choisi de se concentrer sur deux moments-clés de la vie de la comédienne légendaire : sa consécration, en 1896, et son amputation de la jambe, en 1915. A partir de ces deux événements, le film rayonne dans la vie, les amours et la folie douce de l’actrice. Mais l’envie louable de contourner les pesanteurs didactiques n’empêche pas pour autant le cliché du name-dropping incessant (« Un médecin venu de Vienne vous demande, un certain Sigmund », ce genre) et donne au film un côté survolé, inconséquent. Rien n’accroche vraiment ici, si ce n’est l’interprétation échevelée et plutôt marrante de Sandrine Kiberlain, clairement galvanisée à l’idée de se confronter à un tel totem.

Frédéric Foubert

EVERYBODY LOVES TOUDA ★★☆☆☆

De Nabil Ayouch

Nabil Ayouch (Much Loved, Haut et fort) fait le portrait d’une chanteuse marocaine : Touda, une Cheikha, descendante de la tradition de l’Aïta – le « cri » en arabe, forme de poésie chantée née il y a plusieurs siècles dans les plaines du Maroc, dont les femmes se sont emparées au fil du temps pour en faire un instrument de rébellion et d’émancipation. Hier adulées, aujourd’hui mal considérées, les Cheikhas risquent la précarité, la mise au ban, la violence – ce que raconte d’emblée Ayouch en faisant suivre une scène de transe festive par le viol de son héroïne. Suivant Touda (magnétique Nisrin Erradi) de sa petite ville de province à Casablanca, où elle espère faire carrière, le réalisateur livre à travers elle une vue en coupe de la société marocaine. On regrette qu’il ne parvienne pas toujours à communiquer l’énergie fiévreuse de ses séquences musicales au tableau sociologique qui les enserre, plus convenu.

Frédéric Foubert

THE WALL ★★☆☆☆

De Philippe Van Leeuw

Enjeu politique majeur, la frontière entre le Mexique et les États-Unis inspire aussi les cinéastes. Dans The Wall, la toujours impressionnante Vicky Krieps incarne une agent de patrouille réactionnaire. Oppressée de tous les côtés par le système, elle commettra une bavure, dissimulée par son coéquipier. Dommage que la description minutieuse du quotidien d’un personnage aussi original et complexe se dilue dans un récit déjà vu et de façon autrement plus insaisissable.

Nicolas Moreno

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

KRAVEN THE HUNTER ★☆☆☆☆

De J.C. Chandor

Après VenomMorbius et Madame Web, on ne pouvait pas manquer l’enterrement annoncé de l’univers (sans) Spider-Man de Sony. Comme ses petits copains, Kraven est un super-vilain némésis de Spidey dans les comics. Problème, Sony n’a pas le droit de faire apparaître Tom Holland dans ces films. Chacun a donc droit à son spin-off où il se retrouve propulsé anti-héros, faisant face à d’autres méchants mais eux vraiment méchants. L’ombre de Peter Parker plane quelque part mais chut, il ne faut pas dire son nom. Le réalisateur de A Most Violent Year, plus un acteur un peu cool (Aaron Taylor-Johnson) et la promesse d’un film R-Rated bien brutal. Il n’en fallait pas plus pour que les amateurs de films de super-héros se laissent berner une dernière fois ? Sauf que Kraven frise régulièrement le ridicule. Ca cabotine fort pendant un peu plus de 2h sans pour autant aller assez loin pour basculer dans le camp ou le nanard pur On est simplement face à une production au rabais, avec son scénario ultra basique, ses effets spéciaux low cost et une mise en scène totalement désincarné.

Edouard Orozco

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CONTE NUPTIAL ★☆☆☆☆

De Claire Bonnefoy

Sami et Micka, deux très bons potes, s’inspirent de la nouvelle La Grande Entourloupe de Roald Dahl pour échanger leurs compagnes, sans qu’elles le sachent, le temps d’une nuit. Mais les deux femmes découvrent le plan et contre-attaquent. Sujet éminemment casse-gueule pour un film qui n’a jamais les moyens de ses ambitions (adopter la forme d’un conte rigolo pour décortiquer le viol conjugal et la sexualité post-MeToo). Seul Raphaël Quenard, hilarant dans les 30 premières minutes, en sort indemne.

François Léger

 

Et aussi

Mon beau sapin, programme de courts métrages

Sous écrous, de Hakim Bougheraba

Un Noël en famille, de Jeanne Gottesdiener

The Unspoken heart, de Jean Jonasson

Les Reprises

2046, de Wong Kar Wai