Le cinéaste est ravi qu'Elvis ait rapporté plus de 150 millions de dollars dans les salles américaines. Un succès qui démontre selon lui que le cinéma peut encore être attractif, même en dehors des grosses sagas (Marvel, Star Wars...) et des films d'animation pour toute la famille.
Le New York Time publie une longue interview de Steven Spielberg, à l'occasion de la sortie prochaine de son film très personnel, The Fabelmans. C'est justement sur cet angle qu'est dirigée l'interview, le réalisateur de Jurassic Park et de La Liste de Schindler expliquant d'emblée qu'il s'est enfin décidé à raconter sa propre enfance dans un film lors du confinement. C'est quand ses propres enfants se sont retrouvés chez lui durant plusieurs semaines, comme dans leur jeunesse, qu'il a eu le courage de se pencher sur une période cruciale de sa vie : entre ses 8 et 18 ans, quand il est tombé amoureux du cinéma. Filmant ses proches en Super 8 à tout bout de champs, il a un jour pris sur le vif un lourd secret de sa maman. Il a essayé de raconter cette histoire au cinéma durant des décennies, mais ne cessait de repousser le projet, jusqu'au confinement, donc, où il a accepté de se lancer dans cette introspection avec le scénariste Tony Kuscher (avec qui il a notamment collaboré sur Lincoln et West Side Story).
Au fil de cet entretien captivant, à lire ici en anglais, Steven Spielberg revient en détails sur l'évolution majeure du streaming depuis la pandémie, sans être totalement pessimiste non plus quant à l'avenir du cinéma. Critiquant ouvertement la politique de la Warner Bros, qui a décidé de sortir tous ses films de 2021 en parallèle sur grand écran et sur HBO Max (après avoir arbitrairement proposé des blockbusters seulement en streaming l'année d'avant), il ajoute avoir été agréablement surpris par le succès d'Elvis, de Baz Luhrmann, produit par ce même studio, qui n'est pas un film de franchise, et qui a pourtant gagné plus de 150 millions de billets verts rien qu'aux USA.
Seth Rogen révèle que Steven Spielberg a beaucoup pleuré sur le tournage de The FabelmansNous traduisons ci-dessous une grande partie de ses propos :
"La pandémie a créé une opportunité pour les plateformes de streaming d'augmenter leurs abonnements à des niveaux records, mais cela a aussi sacrifié, balancé sous le bus, une grande partie de mes amis réalisateurs, car leurs films n'ont pas pu se voir offrir de sortie au cinéma, et cela a été fait sans cérémonie. Une fois payés, leurs films pouvaient être relégués sur HBO Max, dans l'exemple auquel je pense (qu'il ne citera pas). A partir de ce moment-là, tout a commencé à changer."
"Je pense que le public plus âgé était soulagé de ne pas avoir à marcher sur du popcorn collant. Mais je crois aussi que ce même public plus âgé, une fois installé au cinéma, ressent cette magie de vivre un événement social avec une poignée d'étrangers. C'est une sensation tonique, et c'est aux films d'être assez bons pour donner envie aux spectateurs d'en parler une fois que les lumières se rallument."
"J'ai trouvé ça encourageant qu'Elvis passe la barre des 100 millions de dollars de recettes en domestique. Des tas de gens âgés ont fait le déplacement pour voir ce film, et cela m'a donné l'espoir que le public allait revenir dans les salles obscures une fois que la pandémie toucherait à sa fin. Je crois que les films vont revenir. J'y crois fort."
"J'ai fait Pentagon Papers comme un film politique sur notre temps, qui se reflétait dans l'administration de Nixon, et on avait trouvé que ce parallèle était important à montrer aux gens, pour qu'ils comprennent ce qui était en train de se passer dans notre pays. Si on me l'avait proposé après la pandémie, je ne sais pas si j'aurais pu choisir de le faire pour Netflix ou Apple et devoir me passer de millions de gens au cinéma. Car ce film s'adressait à eux, à ces millions de personnes, et on n'aurait pas réussi à amener autant de gens dans les salles pour faire ce genre de différence. Les choses ont changé, assez pour que je vous raconte cela."
Bande-annonce de The Fabelmans, qui sortira le 25 janvier 2023. Au cinéma :
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