Première
par Damien Leblanc
Scénaristes du triomphal Sans un bruit puis réalisateurs du nettement moins apprécié 65 – la Terre d’avant, Scott Beck et Bryan Woods ont dû potasser leur sujet pour faire à nouveau événement et que ce thriller horrifique mâtiné de huis-clos psychologique contienne tout un versant cérébral et réflexif qui lui confère son originalité. Suivant deux jeunes femmes missionnaires de l’église mormone qui se présentent un soir dans une maison du Colorado pour tenter d’en convertir les habitants, le film prend un malin plaisir à faire de l’hôte de la demeure, M. Reed, un être mystérieux, érudit et potentiellement dangereux. Alors qu’une longue conversation autour de la religion débute dans ce logis, un piège va en effet se refermer sur les deux visiteuses. En choisissant le séduisant Hugh Grant pour incarner ce personnage à l’effrayante duplicité, les cinéastes témoignent de leur foi dans les pouvoirs du casting et du contre-emploi. Le paradoxe étant que le récit interroge justement la foi religieuse sous forme d’un vaste labyrinthe mental. Portée par la photographie de Chung Chung-hoon, chef opérateur d’Old Boy ou Last Night in Soho qui met en valeur la frayeur tapie dans chaque recoin du décor, la première partie se révèle captivante. Si la suite ne tient pas totalement ses promesses narratives, on retient de ce thriller tendu le trio que forment Hugh Grant, Sophie Thatcher et Chloe East, qui offrent une dimension sensorielle et charnelle à ce qui aurait pu n’être qu’un concept d’horreur désincarné.