Festival de Cabourg 2024- Jour 1
MDFF/ Pyramide/ WIld Bunch

Chaque jour, retour sur les temps forts de l’édition 2024 du festival du film romantique.

Le film du jour: Matt and Mara de Kazik Radwanski

La vie de Mara s’écoulait paisiblement. En couple avec un musicien, et maman d’un enfant, cette prof de littérature et de poésie à l’université de Toronto semble exercer son métier avec talent et passion. Jusqu’à ce qu’un matin redébarque dans sa vie Matt, un écrivain à succès qu’elle a connu plus jeune en fac, revenu en ville pour accompagner les derniers jours de son père malade et qu’elle n’a plus vu depuis des années. Des retrouvailles qui vont venir tout chambouler en elle. Ont-ils été amants ? Le deviendront ou le redeviendront- ils ? La première question restera sans réponse claire et la deuxième servira de colonne vertébrale à ce suspense amoureux finalement ciselé autour de ce duo très chien- chat qui semble suivre à la lettre la fameuse règle de « Suis- moi, je te fuis, fuis- moi je te siens ».

Matt and Mara est un film fait de petits riens où ce qui se dit est moins important que ce qui se tait, où le langage des corps traduit mieux que celui des mots ce qui se passe entre les deux personnages. La caméra de Kazik Radwanski ne lâche ainsi jamais le personnage de Mara. De dos, de face, de côté, elle scrute le moindre de ses emballements, de son excitation comme de sa peur à franchir le pas et la façon dont peu à peu le lien se défait avec son compagnon sans que celui- ci ne se doute de quelque chose. Et cette même caméra laisse souvent hors champ Matt, traduisant son côté insaisissable, la difficulté à deviner ce qu’il ressent vraiment pour Mara et plus largement sa réelle personnalité où pointe régulièrement un certain arrivisme sous un vernis cool et plein d’esprit. Sorte de cousin canadien des films du mouvement mumblecore, Matt and Mara séduit par sa finesse et sa capacité, jusqu’à son ultime image, à créer de l’incertitude sur un terrain qu’on pourrait penser à tort balisé

Sortie indéterminée


 

Le réalisateur du jour: Thierry de Peretti avec A son image

Tous deux Corses, Thierry de Peretti et l’écrivain Jérôme Ferrari ont peu ou prou le même âge et cela fait des années que le premier avait envie d’adapter un roman du second, sans que jamais cela puisse aboutir. Il était dit que leur rencontre se ferait autour d’A son image, que le réalisateur a découvert sur épreuves avant même sa publication en 2018. Un projet qui lui a permis de revenir poser sa caméra en Corse comme pour ses deux premiers longs, Les Apaches (2013) et Une vie violente (2017), après la parenthèse du remarquable Enquête sur un scandale d’Etat.

Il y raconte en mode flashback des fragments de la vie d’une jeune photographe de Corse-Matin, compagne d’un militant radical, épousant – en particulier par son rapport à l’engagement – les grands événements de l’histoire mouvementée et souvent sanglante de l’Île de beauté et du mouvement indépendantiste, des années 80 à nos jours. Un captivant mélo politique où la violence dialogue avec une mélancolie déchirante et où De Peretti excelle à évoluer dans les zones grises, à bousculer tant les certitudes de ses personnages que les idées toutes faites sur la Corse. Et une fois encore, il épate par la qualité de sa direction d’acteurs, révélant une jeune comédienne, Clara-Maria Laredo, dont la première expérience ne devrait pas rester sans lendemain.

En salles le 4 septembre.

A son image
Pyramide

L’actrice du jour: Charlotte Le Bon dans Niki

Le rôle d’une vie ou plus certainement celui d’une deuxième naissance à l’écran. Quand Céline Sallette a décidé de s’intéresser à la figure de Niki de Saint- Phalle et de porter à l’écran une partie de sa vie, elle n’a eu qu’une seule actrice en tête, Charlotte Le Bon, saisie par la ressemblance physique entre les deux femmes. Au point qu’elle y aurait sans doute renoncé si la comédienne avait décliné.

Son parti pris audacieux de ne jamais montrer les oeuvres mais de donner voir Niki de Saint-Phalle se transformer en les créant et en voyant peu à peu remonter à la surface des traumatismes de son enfance place ici la comédienne au centre du jeu dans tous les sens du terme. Et comme libérée par la reconnaissance qu’elle a obtenue comme réalisatrice avec Falcon Lake voilà deux ans, elle prend ici une autre dimension comme comédienne en livrant la composition la plus pleine, la plus emballante, la plus riche de tout son parcours jusqu’ici. Céline Sallette avait vu juste.

En salles le 9 octobre

Niki de Céline Sallette
Wild Bunch