Dans son premier film, Agathe Riedinger interroge les représentations caricaturales de la “cagole” sudiste, brossant le portrait tout en délicatesse d’une incomprise.
Un timing des plus opportuns. Diamant Brut, découvert en compétition à Cannes, arrive au cinéma près d’un mois après la diffusion de la série Culte sur Amazon Prime. Cette dernière nous laissait sur une promesse, celle du développement fulgurant de la téléréalité en France après le succès de Loft Story. Le premier film d’Agathe Riedinger, lui, prend place dans sa phase terminale. Exit Loana, Upside Down et les émois du public devant quelques batifolages face caméra : aujourd’hui, la téléréalité fait partie des meubles du PAF, et elle est peuplée de jeunes femmes qui, non seulement aspirent à y prospérer, mais en maîtrisent parfaitement les codes malgré l’ignorance feinte.
Liane, 19 ans, fait partie de celles-là. Influenceuse à fort caractère, elle correspond en tous points à la figure stéréotypée de la “cagole”, fardée, bruyante, et matérialiste. Elle vit à Fréjus dans des conditions précaires, sa mère et sa sœur sur le dos, et nourrit le fol espoir d’être sélectionnée pour l’émission Miracle Island après un casting. C’est cette attente dans le cagnard qu’Agathe Riedinger se plaît à filmer, avec un goût pour le naturalisme qui n’est pas sans rappeler Andrea Arnold qui, elle aussi, dressait le portrait d’une adolescente à la peau tannée par le soleil dans American Honey. Consciente de l’objectification de ces jeunes filles ultra-féminines des classes populaires, et de leur dévalorisation, la réalisatrice avance à tâtons, avec une prudence confinant parfois à l’hésitation. Soulève des questions, qui n’auront jamais de réponses.
Léon Cattan
De Agathe Riedinger. Avec Malou Khebizi, Idir Azougli, Andréa Bescond… Durée 1h43. Sortie le 20 novembre 2024
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