L’acteur avait reçu la précieuse statuette en 1964.
C’est presque un jeune homme à côté de Kirk Douglas, récemment passé centenaire. Sidney Poitier fête aujourd’hui ses 90 ans, et il peut lui aussi prétendre faire partie des dernières légendes vivantes du vieil Hollywood.
Né en 1927, Sidney Poitier a grandi et débuté sa carrière en plein dans l’Amérique de la ségrégation. Son parcours, qui l’a hissé jusqu’à l’Oscar du meilleur acteur, n’en est que plus remarquable. Et ce n’est pas un hasard si Barack Obama, fraichement élu président des Etats-Unis, lui a décerné en 2009 la médaille présidentielle de la Liberté, soit la plus haute distinction civile américaine.
Sidney Poitier aura enfoncé pas mal de portes au cours de sa carrière, qui a failli ne jamais commencer. Souffrant d’amusie, un problème d’audition empêchant de distinguer le rythme et la mélodie, il fut recalé une première fois du North American Negro Theatre en raison de son incapacité à chanter. Mais son opiniâtreté lui sauva la mise, et il put faire ses débuts à Broadway avant se diriger vers le cinéma.
En 1958, Poitier écrit une première fois l’histoire en décrochant la première nomination pour un acteur noir dans La Chaine (avec Tony Curtis). Quelques années plus tard, il est nouveau nommé pour son rôle dans Le Lys des champs et décroche la récompense face notamment à Paul Newman.
24 ans après Hattie McDaniel, qui avait reçu le prix de la meilleure actrice dans un second rôle pour Autant on emporte le vent, il devient donc le premier afro-américain à repartir avec l’Oscar du premier rôle masculin. Nous sommes en avril, à quelques mois du Civil Rights Act de 1964 qui va achever les lois ségrégationnistes. Tout un symbole.
En visionnant le discours de Poitier, qui se voit remettre l’Oscar par une Anne Bancroft hilare sous l’ovation de la salle, on s’étonnerait presque de la sobriété de ses remerciements. C’est pourtant un moment historique, et rare. Il faudra attendre 2001, et l’Oscar de Denzel Washington pour Training Day, avant qu’un autre acteur noir lui succède.
Sidney Poitier poursuivra par la suite sa brillante carrière, avec quelques succès notables (Les Anges aux poings serrés, Dans la chaleur de la nuit, Devine qui vient dîner ?), n’hésitant pas à choisir des rôles abordant directement la question raciale. Il se lança également dans la réalisation, signant pas moins de neuf long-métrages.
En 2002, il fut à nouveau célébré par l’Académie avec un Oscar d’honneur récompensant ses "remarquables accomplissements en tant qu’artiste et en tant qu’homme".
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