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Voir Naples et pourrir. En s’attaquant à un sujet aussi complexe que la camorra, Gomorra prend le risque de n’en gratter que la surface. À son actif, le film, substantiel et documenté, fait preuve de modernité en intégrant des éléments de langage très contemporains. Du livre colossal de Roberto Saviano, Matteo Garrone a retenu une petite dizaine de personnages représentatifs de la façon dont le crime organisé influe sur la vie quotidienne des Napolitains. Le point de vue offert est volontairement limité au cœur de l’organisation criminelle : on ne voit quasiment jamais la police ni les pouvoirs publics, une façon pour Garrone de tourner à son avantage les limites imposées par la durée du film. On peut s’en trouver frustré, Gomorra manquant de contexte et de perspective politiques. Mais le résultat dépasse largement la simple illustration. Dans un style vif, le cinéaste a tourné sur les lieux mêmes de l’action, avec des acteurs non professionnels. Sa grande force est d’avoir relié les histoires entre elles grâce à des passerelles qui agissent comme des hyperliens et finissent par composer virtuellement un tableau plus grand que la simple somme des parties du film.
Toutes les critiques de Gomorra
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Sans emphase, sans chichis cinématographiques, avec la discrétion efficace d'un cinéaste animalier, le réalisateur infiltre, caméra "au point", le quotidien d'une cité-dortoir de la banlieue de Naples, gangrénée par la pieuvre. En suivant les destins qui se croisent comme des tirs d'armes automatiques, ce film, soutenu par des comédiens plus vrais que nature, prend l'accent réaliste du documentaire pour nous faire visiter les couloirs nauséabonds d'une ruche où seuls les plus forts font leur miel.
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Une construction sans faille, une force brutale, une rigueur documentaire caractérisent ce film, qui rappelle plus le Francesco Rosi dénonciateur des années 70 que le Scorsese des « Affranchis » aux héros pourris mais sympathiques. Adaptant le livre de Roberto Saviano, Matteo Garrone peint sans complaisance une réalité occultée, qui a fait bien plus de morts que le terrorisme. La mafia ici n’est ni folklorique, ni romanesque, simplement envahissante et meurtrière. Le Grand Prix mérité du Festival de Cannes 2008.
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Contraction de Gomorrhe et de Camorra, Gomorra évoque avec brio et violence le destin des personnages unis par le trafic de drogue et le traitement des déchets toxiques (...). Tous les ressorts de domination et de décomposition sont magnifiquement exploités par Matteo Garrone. Ca pue le sang, le soufre, la poudre. Un film qui démonte le mythe du Parrain. A couper le souffle.
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S'inspirant du livre-enquête de Roberto Saviano, Matteo Garrone signe une oeuvre aussi glaçante qu'impitoyable. En se défiant de tout glamour, façon Le Parrain, le cinéaste se livre à une démythification en règle de l'organisation criminelle. Filmant avec une grande fluidité et de façon presque documentaire, il s'attache à plusieurs personnages (...). Le pittoresque est banni au profit d'un réalisme ravageur dans sa brutalité.