Nos stagiaires de Troisième sont fantastiques. Et ils ont très bon goût : la preuve avec leur top 10 cinéma de l’année, qu’on pourrait (presque) signer de la rédaction.
Par Taïs Aveline, Salomé Borgeon, Romain Delmarle, Quentin de La Guéronnière, Maximilien Sergent
10/ Avengers : Endgame d'Anthony et Joe Russo
Dixième de notre top à cause de son scénario un peu plat. L’histoire n’est pas prenante et se contente de dérouler un schéma classique de trame super-héroïque. Mais il reste les scènes de combat et les effets spéciaux très bien réalisés et réellement magnifiques. On a parfois l’impression que ce film sert uniquement à conclure la grande saga des Avengers – comme Marvel devait le faire sinon ils auraient continué de ressusciter tous leurs super-héros, les uns après les autres et de façon de moins en moins réaliste. Une bonne idée : les voyages dans le temps nous montrent toutes les fois où les Avengers se sont ratés lamentablement et pensaient avoir gagné. Avec un moment particulièrement délirant : la ridiculisation de Thor qui est censé être un demi dieu beau et fort qui se retrouve avec un ventre a bière, à jouer aux jeux vidéo et avoir peur de tout.
9/ Maléfique : le pouvoir du mal de Joachim Rønning
Ce deuxième volet du film Maléfique, œuvre fantastique épique imaginée par Disney, est signé par Joachim Rønning. Jouée par Angelina Jolie, Maléfique (la célèbre méchante sorcière de la Belle au bois dormant) noue ici une relation complexe avec la future reine interprétée par Michelle Pfeiffer. Ce film devient neuvième de notre top 10 pour la puissance de ses effets qui assurent le spectacle. Des paysages et des scènes incroyables, Maléfique est très divertissant et captivant avec beaucoup d’action qui rappellent celles de la série phénomène, Game of Thrones. Ce blockbuster pioche ses idées visuelles dans d'autres œuvres d’héroic fantasy comme Le Seigneur des anneaux ou du côté des super-héros X-Men, mais il réussit à dégager sa propre personnalité.
8/ Captain Marvel d'Anna Boden et Ryan Fleck
Deux ans après l’affaire Harvey Weinstein et le mouvement MeToo sort Captain Marvel une nouvelle « origin story » comme : Iron Man, Captain America ou encore Thor. La nouveauté ? Comme pour répondre à l’ère du temps, c’est donc l’un des premiers blockbusters portés par une super-héroïne. Mais pour le reste c’est toujours une histoire de gentils sauveurs de monde contre des méchants pas-beaux. Des clichés ? Un peu, oui, mais Captain Marvel reste captivant car il explore les origines de son héroïne mais surtout permet de faire le point sur les mythiques Avengers. Il s’agit en effet de relier Infinity War et Endgame. Brie Larson, échappée du cinéma indépendant américain, se retrouve sur le devant de la scène. Et pas sous n’importe quelle identité : c’est la femme la plus puissante de l’univers. Mais qu’est-ce qu’un super-héros sans son acolyte. Dans ce cas c’est Samuel L. Jackson qui s’y colle. Ici, il s’éclate avec un matou rigolo plutôt que de combattre les forces du mal. Cette héroïne va continuer de briller.
7/ Alita : Battle Angel de Robert Rodriguez
Alita : Battle Angel, réalisé par Robert Rodriguez est tiré du manga Gunnm. Alita est une héroïne qui se réveille dans futur qu’elle ne connait pas. Elle, découvre son passé lorsque les forces dangereuses et corrompues gérant la ville d’Iron City, se lance à sa poursuite. Si elle réussit à s’échapper, elle pourra sauver ses amis, sa famille, et le monde qu’elle a appris à aimer. Numéro 7 de notre top 2019, Alita est un spectacle époustouflant et captivant. Un pur divertissement. Visuellement magnifique, fourmillant de scènes d’actions époustouflantes évoluant dans des décors grandioses, le film vaut aussi pour l'excellente composition de l'étonnante Rosa Salazar dans la peau (synthétique) de l'héroïne. Alita est une œuvre ou les sentiments explosent, les secrets et trahisons foisonnent. Le réalisateur offre sa vision du futur où l'écart entre les riches et les pauvres s'agrandit, montre des merveilles futuristes comme les robots et où les nouveaux sports font mal.
6/ Ad Astra de James Gray
Septième film de James Gray, Ad Astra aborde une fois de plus les thèmes de la famille. Roy McBride (Brad Pitt extraordinaire) veut retrouver son père égaré aux confins de la galaxie. En suivant Roy, le réalisateur se lance dans une odyssée vers l’infini. Ses premiers films se déroulaient à New-York mais James Gray a pris la tangente vers l’Amazonie (Lost City of Z) avant de finir la tête dans les étoiles. Un espace magnifiquement reproduit aux couleurs troubles et mystérieuses avec des scènes palpitantes et surprenantes comme la course poursuite en buggy sur la Lune. Dans Ad Astra, Brad Pitt, les yeux profonds et bleu acier, livre l’une de ses performances les plus mélancoliques et sentimentales. L’ambiance solitaire du film est appuyée par une imposante bande-son. En effet, Ad Astra est rythmé par des sons en adéquation avec le mécanisme des vaisseaux et des musiques atmosphériques qui accompagnent les scènes où l’immensité de l’espace règne en maître. Dans l’espace, personne ne vous entend pleurer.
5/ Vice d'Adam McKay
Vice est l’un des tours de force de 2019. Adam McKay réussit en un film de 2 heures à nous résumer la vie de Dick Cheney, homme de l’ombre de la politique américaine qui sévit pendant le mandat de George W. Bush. Le long-métrage - à charge contre la politique et les manipulations de Cheney - est rempli d’idée de réalisation usant d’un humour féroce et incisif. Le cinéaste signe une œuvre puzzle, mélangeant séquences de film, images d’archives, animations pédagogiques, le tout permettant au spectateur de comprendre toutes les combines de pouvoir de ce personnage. Comme dans son précédent film (The Big Short), McKay réunit un casting impressionnant et donne le premier rôle à Christian Bale, méconnaissable, stoïque et sarcastique. Ce dernier donne chaire à ce génie du bluff, qui contourne tour à tour chacune des lois pour servir ses intérêts économiques et sa politique ultra-conservatrice. Le bilan de ce cocktail est une satire instructive rythmée d’un humour noir et sarcastique, glaçante et malheureusement toujours d’actualité.
4/ Joker de Todd Phillips
Arthur Fleck est un comédien raté au bord du gouffre lorsque il perd son travail, son aide psychologique et ses médicaments. Et si, tout ce qui semblait constituer sa vie, l’empêchait au fond de s’émanciper ? Tout au long du film, la vie d’Arthur est en chute libre mais en réalité, c’est une ascension qui le mène jusqu'à sa transformation en Joker. La performance de Joaquin Phoenix est troublante. Il est plus vrai que nature dans ce rôle de fou furieux. Retrouver Robert de Niro dans le rôle de Murray en a surpris plus d’un. Effectivement, Joker fait écho à La Valse des pantins de Martin Scorsese sorti en 1983. Robert de Niro y interprétait Rupert Pumpkin, un comédien raté et l’acteur se retrouve cette fois dans le rôle de la star de télé qui rabaisse les débutants comme Arthur Fleck. Le Joker de Todd Phillips n’est pas aussi manipulateur et sûr de lui que celui interprété par Jared Leto ou par Heath Ledger. On découvre plutôt un joker en manque d’amour propre et de liens sociaux mais néanmoins attachant.« Le pire quand on a une maladie mentale c’est que les gens s’attendent à ce que vous vous comportiez comme si vous n’en aviez pas ».On ne te le fait pas dire, Arthur.
3/ Les Misérables de Ladj Ly
Les Misérables a été l’un des coups de poing cannois en 2019. Le film, souvent comparé à La Haine de Mathieu Kassovitz, décrit les tensions montantes à Montfermeil, la cité prise en tenaille entre gamins du quartier qui s’ennuient et policiers sur le fil du rasoir. Ladj Ly réalise un film engagé et politique, lanceur d’alerte sur l’autogestion des cités en banlieue. Par sa caméra, il nous montre les différentes forces en présence dans ces quartiers appelés "zones de non-droit" par les médias. Le cinéaste suit les forces de l’ordre, les religieux maintenant la paix malgré leur prosélytisme et surtout les enfants, livrés à eux même et évoluant au milieu des jeux de pouvoirs des adultes. Cependant Ladj Ly ne prend jamais parti et ne désigne aucun responsable à cette situation instable. Ce long-métrage filmé principalement caméra à l’épaule est une immersion dans ce système bancal jusqu’au point de rupture. Résultat, une scène finale intense et violente ainsi qu’un film qui ne se réduit définitivement pas qu’à une comparaison avec La Haine.
2/ Douleur et gloire de Pedro Almodóvar
Retrouvailles, douleur et nostalgie…Pedro Almodóvar fait le bilan. Ce nouveau long-métrage s’impose en deuxième place de notre Top10, notamment grâce à son histoire filiale originale et complexe (ici, Antonio Banderas joue le fils et Penélope Cruz sa mère dans des flashbacks) notamment lors d'une scène de retrouvailles inattendues (entre deux amants) marquées par un style dramatique flamboyant projetant le spectateur à la place du héros, Salvador. Ce film laisse penser que le personnage principal, dépressif, hypocondriaque, et incapable de créer, serait le double d’Almodóvar. C’est sans doute pour cela que Douleur et Gloire est le film le plus touchant de toute la carrière de son auteur. Des paysages grandioses et nostalgiques éclaboussent vos pupilles, accentuant la puissance du film et le regret de l’enfance de Salvador. Un "film testamentaire" (selon Almodovar lui-même) dévoilant le vide, l’insondable vide, face à l’incapacité de rester au sommet de sa gloire.
1/ Parasite de Bong Joon-ho
Palme d’or 2019, Parasite dynamise l’intérêt pour le cinéma coréen. Cette critique sociale signée Bong Joon-ho est emmenée avec brio dévoilant une facette de la Corée du Sud moderne peu connue encore aujourd’hui. Cette oeuvre décrit la violence et la lutte constante que mènent les classes défavorisées pour exister dans une société à deux vitesses. Le film bascule brutalement de la comédie au drame, un style que le réalisateur sud-coréen manie à la perfection. Les ruses et autres stratagèmes qu’orchestre la famille Kim pour envahir la maison des Park relèvent de la comédie absurde. Mais une fois que ces familles et leur mode de vie opposés se mélangent, aucun retour en arrière n’est possible et un engrenage incontrôlable de mensonges commence. Esthétiquement, le film est une claque. La maison des Park est un personnage à part entière, une métaphore de la société où les riches vivent et s’exposent. Les plus pauvres, quant à eux, sont enfermés dans un bunker, à l’abri des regards comme un vieux souvenir honteux qu’on cache dans le placard. Une fois sorti de la salle de cinéma, on a l’envie prenante d’aller vérifier la cave.
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