Parmi la liste des films programmés sur la plateforme Mubi ce mois-ci, nous avons sélectionné trois films incontournables d’horizons différents.
Le cinéma d’auteur est souvent peu représenté, et enfoui sous les films populaires, sur les grandes plateformes de streaming. Sur MUBI, c’est tout le contraire. Le service de vidéo à la demande regorge de chefs-d’oeuvres, des années 1950 à nous jours (de Jean-Luc Godard à Ingmar Bergman, en passant par Michael Mann et Andreï Tarkovksy). Et il est alimenté sans cesse : chaque jour un nouveau film arrive, et un autre disparait.
MUBI s'est associé avec Première pour vous proposer de découvrir gratuitement son catalogue pendant 30 jours. Pour terminer de vous convaincre, voici une sélection trois chef-d'oeuvres arrivés en mars sur la plateforme.
DECOUVREZ MUBI GRATUITEMENT PENDANT 30 JOURS AVEC PREMIERERashōmon d’Akira Kurosawa (1950)
C’est le film qui a tout déclenché. Avant lui, le Japon ne figurait pas vraiment sur la cartographie du cinéma mondial. Du moins, observée depuis l’Occident. Un Lion d’Or à la Mostra de Venise en 1951 et un Oscar du meilleur film étranger l’année suivante, vont obliger les cinéphiles du monde entier à regarder désormais vers le soleil levant. Rashōmon donc, d’un certain Akira Kurosawa, 40 ans à l’époque et déjà une solide filmo (une dizaine de longs à son actif). Ce film situé dans le Japon médiéval tourne autour du corps d’un homme sans vie au cœur d’une forêt. Quatre témoins dont le mort lui-même, pour quatre visions différentes d’une même histoire. Qui a fait le coup et pourquoi ? Où se situe la vérité ? « Une histoire à quatre voix, qui raconte leurs quatre versions de l’enfer. », vantait alors la bande annonce. Ce qui fascine ici est la façon dont le récit interroge lui-même sa propre intégrité. Cette mise en parallèle de points de vue différents oblige la narration à se régénérer sans cesse. Une structure qui évoque évidemment le récent Dernier duel de Ridley Scott. Il n’a toutefois pas fallu attendre si longtemps pour retrouver « l’effet Rashōmon » à l’écran. Citons par exemple L’Ultime razzia de Stanley Kubrick (1956) ou Basic de John McTiernan (2003). Martin Ritt, lui, fera un remake du film d’Akira Kurosawa avec Paul Newman baptisé L’Outrage en 1964.
Un condamné à mort s’est échappé de Robert Bresson (1957)
Le film de prison est un genre en soi. Avec son Condamné à mort s’est échappé sous-titré magnifiquement « le vent souffle où il veut », Robert Bresson a poussé l’exercice plus loin que les autres. « Cette histoire est véritable. Je la donne comme elle est. Sans ornements. » disait l’intéressé. Ce sont les derniers mots qui importent ici. Chez le cinéaste de Pickpoket, pas d’emphase, ni d’effet censé appâter le chaland, mais au contraire un dénuement chirurgical, une épure quasi-mystique. Cet aspect glacial, s’il peut surprendre finit pas combler même le plus rétif des spectateurs. La voix-off du prisonnier envahit tout l’espace et chacun des gestes du malheureux héros créait une mécanique qui force l’identification. « Lui » devient un peu « nous ». Imaginez l’astronaute de 2001 l’Odyssée de l’espace de Kubrick flottant dans la galaxie avec sa respiration en guise de métronome. Le condamné à mort lui ne flotte pas, il reste face à ses barreaux, mais sa présence devient elle-aussi omnisciente par la grâce d’une mise en scène supérieure. L’action se passe sous l’Occupation, le lieutenant Fontaine va payer de sa vie son appartenance à l’Armée secrète. Angoissé, il prépare minutieusement son évasion. Prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 1957, ce film transcendantal ne vous lâchera plus. Echappez-vous tant qu’il est encore possible.
Funny Games de Michael Haneke (1998)
C’était la dernière étape avant que l’autrichien Michael Haneke ne devienne un auteur de dimension internationale, très respecté à défaut de proposer un cinéma respectable. Le cinéaste raflera quelques années plus tard pas moins de deux Palmes d’or pour Le Ruban Blanc (2009) et Amour (2012). Funny Games a traumatisé tout le monde. S’inscrivant dans le genre du thriller domestique si cher au cinéma américain (La main sur le berceau, J.F partagerait appartement...), on voit ici deux jeunes gens à priori bien sous tous rapports faire irruption dans une maison de campagne et terroriser ses occupants. Leurs actes d’un sadisme purement gratuit sont exécutés avec une désinvolture déconcertante. Haneke cherche ici à exprimer la façon dont le public, voyeur par nature, prend un plaisir morbide à être témoin d’atrocités. Les héros de ce « jeu amusant » n’hésitent donc pas à s’adresser à la caméra pour interpeller directement le spectateur et d’user d’une télécommande pour rembobiner « le réel » du récit. Le film est sorti en France avec la mention « interdit aux moins de 16 ans. » Michael Haneke a signé en 2007 un remake plan par plan, de son film à destination du marché américain, baptisé logiquement : Funny Games U.S. Naomi Watts et Tim Roth y incarnaient les rôles principaux.
Asghar Farhadi, Michael Haneke, Lotte Reiniger… que voir sur MUBI France en mars 2022
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