Robert Bresson

Le cinéaste français Robert Bresson naît le 25 septembre 1901 en Auvergne. Son enfance est marquée par une éducation catholique. Il suit dans un premier temps des études de lettres, puis se tourne vers la peinture avant de faire carrière dans le cinéma.En 1934, il réalise son premier moyen métrage, Les Affaires Publiques. Il travaille ensuite avec René Clair sur des productions qui seront mises de côté au moment où la Seconde Guerre mondiale éclate.Robert Bresson est fait prisonnier de guerre en Allemagne pendant un an. De retour, en 1943, il se lance dans la réalisation de son premier long métrage, Les Anges du Péché. Un an plus tard, il enchaîne avec Les Dames du bois de Boulogne pour lequel il collabore avec Jean Cocteau. Dépité par le travail des comédiens ayant joué dans ses premiers films, il décide désormais de ne faire appel qu'à des acteurs non-professionnels, qu'il baptisera ses « modèles ». Novices dans le monde du cinéma, il peut ainsi les façonner et les diriger comme il le souhaite. La plupart de ces personnes ne feront pas carrière dans le métier, exceptées Dominique Sanda qui continuera de tourner après avoir joué pour Robert Bresson dans Une Femme Douce et Anne Wiazemski qui travaillera pour Jean-Luc Godard après Au Hasard Balthazar.En 1951, le cinéaste tourne Journal d'un Curé de Campagne, adaptation du roman de Georges Bernanos. Ce film reste comme le plus célèbre de sa carrière. Il est réalisé d'une façon bien particulière : Robert Bresson met bout à bout des images filmées de la vie du prêtre et les relie par les écrits qui sont portés dans son journal. Il utilise une technique similaire pour la réalisation de Un Condamné à Mort s'est échappé en 1956 et de Pickpocket en 1959.Robert Bresson prend plaisir à adapter des romans. Il réitère l'expérience avec Mouchette en 1966, là encore adapté d'une oeuvre de Bernanos, Une Femme Douce en 1968, qui sera son premier film en couleur et Quatre Nuits d'un Rêveur, ces deux réalisations étant inspirés d'oeuvres de Fedor Dostoïevski.Un Condamné à Mort s'est échappé est lui aussi tiré des Mémoires d'André Devigny. Avec ce film qui est présenté à Cannes lors de sa sortie, Robert Bresson remporte le Prix de la Mise en Scène.Robert Bresson pratique le cinéma de l'anti-spectaculaire. Loin des effets spéciaux en tous genres, il filme ses personnages sans artifice, dans un style complètement épuré. Il accorde une importance identique aux images et aux sons qu'il met en relation lors du montage. Il nomme ce nouvel art le «cinématographe». Il le différencie du cinéma qu'il définit simplement comme du théâtre mis sur pellicule. Il écrit en 1975 Notes sur le Cinématographe, livre dans lequel il développe sa théorie du « cinématographe ».En 1982, avec L'Argent qui est son dernier film, il démontre comment le matérialisme amène à l'éloignement de Dieu et à la cupidité. Pour cette adaptation de Tolstoï, Robert Bresson choisit comme « modèle » la fille de Jack Lang, alors Ministre de la Culture. Ce sera son unique rôle. Le cinéaste reçoit le Grand Prix à Cannes en 1983 pour cette réalisation.La religion catholique est un thème récurent dans le cinéma de Robert Bresson. Tous ses personnages sont à la poursuite de leur salut et de leur liberté. Ses films sont tous empreints de spiritualité, voire même parfois d'une certaine austérité.A 98 ans, Robert Bresson a comme ambitieux projet de porter à l'écran La Genèse, en se basant sur la Bible. Il ne pourra pas le mener à bien, vu qu'il décède en 1999.Durant ses quarante ans de carrière, Robert Bresson n'aura produit que treize longs métrages. Loin des succès commerciaux du cinéma hollywoodien, la critique et un public averti voient en lui un grand monsieur qui aura eu pour unique but de faire non pas du cinéma mais du « cinématographe ». L'ensemble de son œuvre est d'ailleurs salué en 1995 par le Prix René Clair.