Dans « Place au cinéma », présenté par Dominique Besnehard, France 5 rend ce soir hommage à Bernardo Bertolucci avec cette fresque majestueuse couronnée de 9 Oscars voilà 30 ans.
Le rebond après un échec
Jusqu’à ce Dernier Empereur, Bernardo Bertolucci avait consacré tous ses films à l’Italie. Mais l’échec de La tragédie d’un homme ridicule (qui avait pourtant valu un prix à Cannes à Ugo Tognazzi) – qu’il analysait par son incompréhension à comprendre ce qui se passait alors dans son pays, gangréné par le terrorisme et la corruption – lui a donné des envies d’ailleurs. Il part alors pour les Etats- Unis où il tente en vain d’adapter La moisson rouge de Dashiell Hammett (Le faucon maltais) puis tombe sur l’autobiographie de Pu Yi, le dernier Empereur de Chine et décide de se pencher sur son adaptation avec Mark Peploe (Profession reporter d’Antonioni). Et ils ambitionnent donc de raconter toute la vie de cet homme, de son intronisation en 1908 à l’âge de 2 ans à sa mort dans l’indifférence générale en 1967, alors qu’il travaillait comme jardinier de la République Populaire de Chine. Le projet devait au départ prendre la forme d’une mini- série de dix heures avant de devenir un long métrage.
La main tendue de la Chine
Le dernier Empereur ne pouvait évidemment se tourner nulle part ailleurs qu’en Chine. Bertolucci est donc allé proposer son scénario aux autorités chinoises, ainsi qu’une autre idée d’adaptation sur leur sol : celle de La condition humaine d’André Malraux. Le gouvernement chinois opta pour Le dernier Empereur et décida donc de collaborer pleinement avec une production occidentale pour la première fois depuis 1949. Le Dernier Empereur fut même le tout premier long métrage de fiction autorisé à filmer dans la Cité Interdite. Avant lui, seule l’américaine Lucy Jarvis avait pu y poser sa caméra an 1973 pour son documentaire La Cité Interdite, produit pour la chaîne NBC.
Un tournage colossal
Pour Le Dernier Empereur, le producteur Jeremy Thomas a réussi à réunir un budget de 20 millions de dollars. Une somme considérable pour l’époque mais indispensable à l’ambition artistique du projet qui nécessita plus de 6 mois de tournage, 19 000 figurants, 9 000 costumes et 300 techniciens italiens, anglais et chinois. Un seul exemple : pour fabriquer les perruques élaborées de la Cour Impériale, les coiffeurs du film Giancarlo de Leonardis et Iole Cecchini ont dû importer… plus d’un kilo de cheveux !
Des refus de grands noms
Pour incarner Reginal Johnston, le diplomate précepteur de Pu Yi (qui fut, plus tard, l’ultime gouverneur de la concession anglaise de Weihaiwei), Bernardo Bertolucci avait successivement pensé à Marlon Brando, William Hurt et Sean Connery qui, tous, ont décliné. Et c’est finalement Peter O’Toole, le héros de Lawrence d’Arabie, qui fut choisi.
Un carton plein aux Oscars
Nommé à neuf reprises aux Oscars 1988, Le Dernier Empereur fit un carton plein en l’emportant dans chacune de ces catégories : scénario, photo, montage, musique, costumes, décors, son, réalisation et film face notamment à Liaison fatale. Ce furent les premiers et seuls Oscars du cinéaste qui n’avait jusque là été nommé que pour Le dernier tango à Paris (en réalisateur) et 1900 (comme scénariste). Et ce Dernier Empereur sera le premier volet d’une trilogie orientale complétée par Un thé au Sahara en 90 et Little Buddha en 93.
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