La réalisatrice Hafsia Herzi monte d’un cran à partir d’un scénario plus carré que Tu mérites un amour.
Deux ans après Tu mérites un amour, Hafsia Herzi confirmait à l'été 2021, et brillamment, les espoirs placés en elle. Elle a présenté sa deuxième réalisation, Bonne Mère, au festival de Cannes, cette année-là, au sein de la sélection Un Certain Regard, révélant au passage une superbe comédienne, Halima Benhamed, choisie pour le rôle principal alors qu'elle accompagnait sa fille au casting.
Nous repartageons notre critique enthousiaste ci-dessous, au moment où Arte programme Bonne mère, en deuxième partie de soirée (il est également dispo en streaming sur le site de la chaine), juste après Gloria Mundi, de Robert Guédiguian. Prêts pour cette soirée spéciale cinéma dans la ville de Marseille ?
Hafsia Herzi : "Tu mérites un amour est né d’un besoin impérieux de filmer"Ce devait être son tout premier long, inspiré par sa maman. Et puis la lenteur du financement l’avait poussée à se lancer dans Tu mérites un amour, pour combler son besoin impérieux de filmer. Bonne Mère est donc le deuxième long de Hafsia Herzi et l’expérience emmagasinée a d’évidence nourri ce projet.
Car la réalisatrice monte d’un cran à partir d’un scénario plus carré que Tu mérites un amour, mais toujours traversé par ce qui fait sa force : sa capacité à laisser la vie envahir l’écran comme si sa caméra n’existait pas pour ses comédiens (tous insensés). Et ce tant dans les scènes de tchatche explosives que dans les moments plus apaisés, plus tristes, plus mélancoliques qu’elle s’autorise davantage.
De bruit, de fureur, de fous rires et de douceur : voilà comment décrire le cinéma de Hafsia Herzi, qui s’impose comme une auteure à part entière en seulement deux films. « Tant que je suis debout, je resterai solide », dit son héroïne. Un mot qui prend tout son sens pour définir cette mère de famille nombreuse des quartiers nord de Marseille, femme de ménage qui veille telle une louve sur une tribu riche en personnalités tranchantes et amputée momentanément d’un fils en prison. Bonne Mère est le portrait de cette résistante qui plie mais ne rompt pas.
Le regard que Hafsia Herzi pose sur elle est bouleversant d’humanité mais dépourvu d’angélisme. Idem pour ses autres personnages à qui elle ne passe rien, sans les juger, et en racontant par un prisme majoritairement féminin ces quartiers que le cinéma a surtout montrés via des figures masculines. Son film bouillonne mais se s’agite jamais en vain.
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