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François Dupeyron est décédé aujourd’hui à l’âge de 65 ans. Hommage.

François Dupeyron s'est éteint aujourd'hui à 65 ans des suites d'une longue maladie. Ce cinéaste rare et profondément humaniste est principalement connu pour la Chambre des Officiers et Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran. Tout au long de sa carrière, sacrée à plusieurs reprises, il aura travaillé avec des acteurs de renom comme Gérard Depardieu, Jean-Pierre Daroussin ou encore Omar Sharif.

Diplômé de IDHEC ce cinéaste landais héritier de Mai 68 s'oriente très tôt vers le cinéma engagé. En compagnie de Richard Copans, Jean-Pierre Thorn, il fonde en 1973 le collectif de cinéma Cinélutte qui suit les ouvriers au travail ou pendant les mouvements sociaux. Après quelques courts-métrages et des films d'entreprise, il débute sa carrière cinématographique à 38 ans, en 1988, avec Drôle d'endroit pour une rencontre. Un premier long-métrage original qui met en scène Gérard Depardieu et Catherine Deneuve, perdus sur une aire d'autoroute. Ce film au concept audacieux est un succès en salle et lui permet de lancer sa carrière.


Suivront trois films plutôt hétéroclytes comme Un Coeur qui bat, La Machine et C'est quoi la Vie ? Les trois seront des échecs commerciaux mais permettront à François Dupeyron de (re)travailler avec des comédiens comme Gérard Depardieu, Didier Bourdon, Jean-Pierre Daroussin et un certain Eric Caravaca qui deviendra peu après l'acteur principal de son plus grand film : la Chambre des Officiers.

Sorti en 2001, ce film émouvant raconte l'histoire tragique d'un grand mutilé de la Guerre de 14-18 et reste le plus grand succès de François Dupeyron à ce jour : nommé 8 fois au César et à la Palme d'Or, La Chambre des Officiers a remporté la statuette de la meilleure photographie pour Tetsuo Nagata et du meilleur second rôle masculin pour André Dussolier.


Fort de ce succès, François Dupeyron adapte ensuite un roman d'Éric-Emmanuel Schmitt : Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran. Dans le Paris des années 60, on y suit la rencontre entre un jeune garçon errant et un épicier philosophe qui va l'initier aux grands principes du Coran et peu à peu revêtir un rôle de père. Ce nouveau long-métrage n'est pas un grand succès en salle mais offre le César du meilleur acteur à Omar Sharif en 2004.


François Dupeyron renoue alors avec le cinéma social de ses débuts et réalise Inguélézi (qui narre la rencontre entre une Française et une réfugiée Kurdes) et Aide-toi et le ciel t'aidera (comédie sur les déboires d'une mère de famille logée en banlieue). En 2008, il prend le relais de Claude Berry sur le tournage de Trésor et dirige Mathilde Seigner et Alain Chabat. Très malade, Claude Berry décèdera pendant le tournage et François Dupeyron refusera par la suite de cosigner le film afin de saluer la mémoire de son ami disparu.


François Dupeyron connaît un nouveau moment de gloire en 2009 puisqu'il reçoit à Cannes le prix France Culture Cinéma "pour la qualité de son oeuvre et la force de son engagement". Son dernier long-métrage, Mon âme par toi guérie, raconte une rencontre entre un guérisseur joué par Grégory Gadebois et une alcoolique interprétée par Céline Sallette.

La mort de François Dupeyron endeuille profondément le monde du cinéma français qui salue un artiste éclectique, engagé et précieux.

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