Bienvenue en 1989, bienvenue chez Lou. Un boulot minable, une banlieue pourrie d’Albuquerque où tout paraît bouché. Littéralement : quand on découvre Lou, elle gère une salle de sport miteuse et est en train nettoyer des chiottes en plongeant les mains dans la merde… Mais sa vie va changer. Quand Jackie (Katy O’Brian fantastique), une bodybuildeuse qui erre à travers les US, pousse la porte du gymnase, le coup de foudre est immédiat. Presque autant que les emmerdes. Car si Jackie et Lou tentent de se (re)construire ensemble, elles ont subi des traumas. Et ils resurgissent sous la forme de la famille dysfonctionnelle de Lou - son beau-frère abusif (James Franco) et son père violent (Ed Harris perruqué à merveille)… Il y a deux films dans Love Lies Bleeding une oeuvre cabossée, hésitante, qui marche sur un fil et avance au bord du gouffre. D’un côté Rose Glass (Saint Maud) façonne un vrai thriller, un néo-noir aux néons 80s, influencé par James Cain et David Goodis. Ses amants maudits tentent d’échapper au désastre, luttent contre la perversité du monde et la corruption qui les entoure. Mais les oripeaux du film noir (le fatum écrasant, les héros misérables) sont dégradés et progressivement, LLB bascule vers l’étrange, le gore et le bizarre avec ces images et ces sons marquées du sceau du surnaturel. On ne sait pas trop où l’on va mais on pourrait aller jusqu’au bout de la nuit pour suivre Lou, sans doute le plus grand rôle de Kristen Stewart, incandescente et cool comme jamais.