Ce soir, OCS diffuse (dans le désordre) les deux longs métrages visionnaires réalisés par le tandem Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet : La cité des enfants perdus et Delicatessen. Deux films qui témoignent de l'ambition esthétique folle du duo, de leur univers d'une richesse inouï, et qui ont contribué à définir le style si caractéristique et singulier qui fit le succès de Jeunet par la suite. Résumé de La cité des enfants perdus : Un étrange personnage vit entouré de clones et d'autres personnages encore plus étranges sur une plate-forme en mer perdue dans le brouillard. Krank (Ron Perlman), c'est son nom, doit pour ne pas vieillir trop vite voler le rêve des enfants. C'est pour cela qu'il les enlève de la cité portuaire. Résumé de Delicatessen : La vie des étranges habitants d'un immeuble de banlieue qui se dresse dans un immense terrain vague et qui tous vont se fournir chez le boucher-charcutier à l'enseigne Delicatessen.La Cité des enfants perdus et Delicatessen sont les deux premiers longs-métrages réalisés par Jean-Pierre Jeunet. Après plus d'une décennie à s'être fait remarquer par ses publicités et ses courts-métrages (deux Césars pour Le Manège en 1981 et Foutaises en 1991), Jeunet se lançait dans l'aventure du long avec Delicatessen, aux côtés de son complice inséparable à l'époque et formidable directeur artistique, Marc Caro. Le résultat ne s'est pas fait attendre : le film a en effet décroché deux Césars en 1992, celui du meilleur scénario original et de la meilleure première œuvre. Quant à leur collaboration suivante, La cité des enfants perdus - un des plus gros budgets de l'histoire du cinéma français à l'époque -, elle leur a permis d'entrer en sélection officielle à Cannes en 1995. Avec 1,4 et 1,3 million de téléspectateurs respectivement, les deux films ont fait des deux réalisateurs des cinéastes populaires et ce alors que leurs chemins se sont séparés après leur deuxième opus, Jeunet partant seul à Hollywood réaliser Alien, la résurrection. L'un confirmera (Jeunet), l'autre moins (Caro), même si leurs tâches sur les films n'étaient pas les mêmes.Sans rien retirer aux mérites et à l'influence du second, Delicatessen et La Cité des enfants perdus portent cependant déjà en eux l'esthétique si particulière des films de Jeunet, qui sauront trouver leur public par la suite. Le goût pour une esthétique du fait main, du bricolage inventif se retrouve déjà dès le "détecteur à conneries" de Ticky Holgado dans Delicatessen, ou les nombreuses inventions steampunk de La cité des enfants perdus. Son goût pour les lumières chaudes, les tons sepia et les filtres jaunes aussi. D'une grande unité formelle, la filmographie de Jeunet tourne souvent autour de l'innocence et l'espièglerie de l'enfance, parfois confrontée à l'horreur morbide et souvent à des imaginaires débridés et poétiques. Jalonnée de "gueules" (son acteur fétiche Dominique Pinon, Ticky Holgado, Ron Perlman, Jean-Claude Dreyfus, Serge Merlin pour les deux premiers films, auxquels on peut rajouter par la suite Dany Boon ou Denis Lavant), l'œuvre visuelle de Jeunet trouve sa source dans ses premières collaborations avec Marc Caro, qu'OCS propose de redécouvrir ce soir. Pour se rendre compte à quel point les films de Jeunet se répondent en écho, Alexandre Gasulla a réalisé un long hommage de neuf minutes au cinéaste d'une grande homogénéité, où l'on valse de film en film avec une grande aisance au son des célèbres compositeurs avec lesquels il a collaboré au cours de sa carrière, de Yann Tiersen à Ludovico Einaudi (il travailla également avec Angelo Badalamenti sur La cité des enfants perdus et Un long dimanche de fiançailles). Une bonne raison donc de remonter à la source de l'imaginaire de celui qui a signé avec Le fabuleux destin d'Amélie Poulain l'un des plus gros succès de l'histoire du cinéma français à l'international (23 millions d'entrées), quelques années avant la déferlante Intouchables en 2012 (31 millions).La Cité des enfants perdus et Delicatessen sont diffusés ce soir à 20h40 et 22h30 sur OCS Choc.
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