Le tandem Belmondo- Verneuil est à l’honneur ce soir de « Place au cinéma » sur France 5, présenté par Dominique Besnehard
Une adaptation de Félicien Marceau
Le Corps de mon ennemi met en scène un homme qui, après avoir tenté en vain de s’élever dans la société, rumine sa haine de la bourgeoisie de province (en l’occurrence, celle de Lille, où se situe l’action). Le propriétaire d’une boîte de nuit qui, après avoir découvert un trafic de drogue dans son propre établissement, se retrouve accusé d’un double meurtre qu’il n’a pas commis. Mais avant d’être un film, Le Corps de mon ennemi fut un livre signé Félicien Marceau sorti la même année en 1976 et dont Henri Verneuil avait immédiatement acquis les droits. Prix Interallié en 1955 avec Les Elans du cœur et Prix Goncourt en 1965 avec Creezy, Marceau avait déjà vu trois de ses œuvres portées sur grand écran : ses pièces La Bonne soupe (par Robert Thomas en 1964) et L’Oeuf (par Jean Herman en 1971, avec Guy Bedos) mais aussi Breezy rebaptisé La Race des Seigneurs sous la direction de Pierre Granier- Deferre en 1974 avec Alain Delon dans le rôle principal. Mais c’est ici la première et unique fois que le romancier mettra à la main à la pâte pour l’adaptation de son œuvre, en compagnie de Verneuil lui- même et de Michel Audiard.
Belmondo plus Bébel que jamais
Jean- Paul Belmondo est ici en terrain plus que connu. D’abord parce qu’il tourne sous la direction d’Henri Verneuil, réalisateur avec qui il a déjà collaboré six fois pour Un singe en hiver, Cent mille dollars au soleil, Week- end à Zuydcoote, Le Casse et Peur sur la ville. Ce sera d’ailleurs leur avant- dernier film ensemble, huit ans avant l’ultime, Les Morfalous, en 1984. Mais surtout Belmondo est – comme depuis Le Casse en en 1971 – co- producteur du film. Un co- producteur impliqué qui, suite à l’échec injuste du Stavisky d’Alain Resnais et au mauvais accueil critique encore plus injuste qui l’a entouré, a décidé de suivre une ligne et de s’y tenir. Adieu Jean- Paul Belmondo, bonjour Bébel ! Adieu films d’auteur purs et durs, place aux divertissements populaires à travers lesquels il renforce un lien singulier avec le public tissé depuis des années. Le Corps de mon ennemi ne déroge pas à la règle en dépassant les 1,7 millions d’entrées
Nicole Garcia au balbutiement d’une prestigieuse carrière
Le Corps de mon ennemi fait, outre Belmondo, la part belle aux seconds rôles. On y retrouve ainsi François Perrot, Marie- France Pisier, Michel Beaune, Charles Gérard, Suzy Prim, Maurice Dorléac (le papa de Catherine Deneuve et Françoise Dorléac)… mais aussi une comédienne qui commence à se faire une place dans le cinéma français : Nicole Garcia. Car si elle a fait ses débuts devant une caméra en 1967 avec Des garçons et des filles d’Etienne Périer, sa carrière a décollé en 1975 avec son second rôle dans Que la fête commence de Bertrand Tavernier. Deux ans plus tard, elle recevra un César pour Le Cavaleur de Philippe de Broca avant que l’enchaînement en 1980 de Mon oncle d’Amérique d’Alain Resnais et des Uns et des autres de Claude Lelouch ne l’installe définitivement en bonne place au cœur du paysage cinématographique français.
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