Dans leur premier long, Fanny Liatard et Jérémy Trouilh font merveilleusement rimer réalisme et onirisme
Le premier long métrage du duo Fanny Liatard - Jérémy Trouilh (qui prolonge leur court en 2016) débute par des images d'archives : la venue triomphale en 1963 à Ivry du Soviétique Youri Gagarine, le premier homme à avoir effectué un voyage dans l'espace, pour l'inauguration de la cité portant son nom. Puis on se retrouve propulsé en 2019, où ladite cité doit être réduite en poussière au nom du renouvellement urbain. Gagarine suit ce moment de bascule à travers Youri, un ado qui se refuse à quitter ce lieu, bien que tombant en ruines, et entre en résistance. Une cité qu'il appréhende comme un vaisseau spatial qu’il aménagerait avant un ultime décollage !
A rebours des films n'abordant les cités que sous le seul angle sociétal, Liatard et Trouilh s'emparent de ce terrain en osant le mariage entre réalisme et onirisme et en faisant la part belle à l’imaginaire des individus qui y vivent. Comme si on dézoomait pour prendre de la hauteur et offrir une diversité souvent parent pauvre de ce cinéma- là. A commencer par des personnages féminins conséquents, dont une jeune Rom qui va devenir la compagne de jeu et de rêveries de Youri.
Gagarine offre un voyage envoûtant hors des sentiers battus, sublimé par le remarquable travail sur la lumière de Victor Seguin et un casting enthousiasmant, mêlant débutants (Alséni Bathily, saisissante révélation), comédiens plus confirmés (Lyna Khoudri, toujours aussi impériale, Finnegan Oldfield, parfait) et de vrais habitants de la cité que les réalisateurs ont impliqué dans le processus de création. Des débuts emballants.
De Fanny Liatard & Jérémy Trouilh. Avec Alséni Bathily, Lyna Khoudri, Finnegan Oldfield... Durée 1h41. Sortie le 23 juin 2021
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