Débordant d’énergie, le premier film d’animation de Nicholas Stoller (Nos Pires voisins) est parfois surprenant.
Sorti au cinéma en 2016, Cigognes & compagnie sera diffusé ce soir sur France 4. De quoi ça parle ? "Les cigognes ne livrent plus de bambins, elles se sont reconverties dans le transport de colis plus classiques (téléphones, frigos…). Jusqu’au jour où la maladroite mais toujours motivée Tulipe, seule humaine à avoir grandi parmi les oiseaux suite à un gros souci de livraison, relance la machine pour répondre au rêve d’un petit garçon qui aimerait avoir un «"petit frère ninja" tant il s’ennuie à jouer tout seul pendant que ses parents croulent sous le travail. Junior, une cigogne sur le point de devenir le boss de l’entreprise, doit alors s’occuper du "problème" avec elle avant que le patron ne change d’avis et lui retire sa promotion. Démarre alors une course folle pour livrer le colis le plus vite possible."
Cigognes et compagnie : le challenge du successeur de La Grande Aventure Lego
Que vaut le film ? "Dis maman/papa, comment on fait les bébés ?". Ne comptez pas sur Nicholas Stoller, jusqu’ici réalisateur de comédies pour Judd Apatow telles que Sans Sarah rien ne va, et Doug Sweetland, qui a notamment été animateur sur Monstres et cie de Pixar, pour vous aider à répondre à la question, car dans Cigognes & Compagnie, ils peuvent en fait naître soit de l’amour de leurs parents, soit d’une machine à créer les bébés !
Conception et éducation des enfants, gestion de la vie de famille et stress lié au boulot sont au cœur de ce drôle de film d’animation mélangeant des thèmes pas vraiment enfantins tout en se déroulant à 200 à l’heure, ce qui donne un résultat assez bancal. Le studio Warner Animation Group avait réussi son coup avec La Grande aventure Lego (dont les metteurs en scène Phil Lord et Chris Miller sont d’ailleurs ici producteurs), en parvenant à se moquer méchamment des dérives capitalistes tout en faisant rire les petits et les grands. On sent bien que l’équipe voulait renouveler l’exploit avec Cigognes et compagnie, en s’attaquant cette fois aux concepts de "famille parfaite" et de "travail épanouissant". Malheureusement, l’ensemble est plus bordélique, et qui plus est visuellement agressif : dans une succession de plans rapides se croisent de nombreux personnages fluo, bavards et dessinés sans grande originalité. Quand ils ne sont pas tout simplement mal écrits : la cigogne qui avait adopté Tulipe est quasi-inexistante, et le pigeon qui enquête sur les deux héros est plus dérangeant que drôle à force d’agir bizarrement avec tous les animaux qu’il croise sur sa route…
Pourtant, au milieu de cette frénésie de couleurs et d’action se trouvent quelques séquences qui regorgent d’inventivité. La critique du monde du travail est globalement efficace (Junior explose littéralement de joie en apprenant sa promotion, mais ne parvient pas ensuite à expliquer pourquoi il tient tant à devenir le boss), et surtout des personnages secondaires ont leurs propres délires, qui n’ont rien à voir avec l’histoire principale mais sont toujours surprenants et divertissants : les loups se mettent par exemple en "formation n’importe quoi", un peu comme l’armée romaine d’Astérix, et ce gag récurrent fonctionne à chaque fois.
Une scène est particulièrement réussie, lorsque vers la fin du film, le duo et des pingouins –baby-sitters évidemment- se livrent un combat silencieux, pour ne pas réveiller le bébé à livrer. Bien pensée, la bataille muette fait du bien après tant de péripéties bavardes, et elle rend au passage un bel hommage aux slapsticks, à commencer par les Looney Toons, célèbres dessins animés télévisés de la Warner Bros. L’ensemble aurait mérité plus de moments calmes comme celui-ci pour qu’on ait le temps de s’attacher véritablement aux personnages, même si le dénouement, bien qu’attendu, parvient enfin à émouvoir.
Brad Lewis : "Au fond, on veut tous la même chose : faire un film qui a une âme"
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