Michel Seydoux et Laurent Charbonnier s’empare du roi des arbres et son écosystème pour signer un conte flirtant avec le suspense hitchcockien. Une réussite.
Enfin ! C’est le cri du cœur qu’on a envie de pousser devant ce film de Laurent Charbonnier (Chambord) et du producteur Michel Seydoux (pour ses débuts de réalisateur, après un long passage par la case football avec le LOSC). Enfin un documentaire sur la nature dépourvu d’une de ces voix- off lénifiantes qui croit indispensable de devoir expliquer tout ce qu’on voit avec un sens souvent hasardeux de la vulgarisation. Enfin un documentaire sur la nature qui raconte une histoire (avec à l’écriture Michel Fessler, déjà à l’oeuvre sur le multi- primé La Marche de l’Empereur de Luc Jacquet) au lieu de compiler des images aussi spectaculaires soient- elles. Un film puissamment sensoriel avec un héros - un chêne vieux de 210 ans - et une multitude de personnages secondaires, tous ceux qui vivent dans son écosystème (geais, écureuils, hulots, charançons…) dont les aventures tiennent du suspense hitchcockien tant la survie de certains ne tient qu’à un fil. Tout en s’appuyant sur un solide travail de documentation et un sens aigu de l’observation de la nature, Laurent Charbonnier (derrière la caméra, filmant ce chêne situé à moins d’un kilomètre de sa maison) et Michel Seydoux (dans la salle de montage avec Sylvie Lager, qui a notamment travaillé sur Sur le chemin de l’école ou La Douleur) ne résonnent pas documentaire mais fiction. Avec un héros, des personnages secondaires et les péripéties vécues par chacun qui finissent par former un grand tout cohérent. Oui, enfin un documentaire nature qui s’adresse aux 7 à 77 ans sans chercher à tout surexpliquer et simplifier pour arriver au plus petit des dénominateurs communs ! Leur pari avec Le Chêne est simplement de laisser leurs spectateurs vivre une expérience plutôt qu’une leçon de choses. Pari réussi.
De Michel Seydoux et Laurent Charbonnier. Documentaire… Durée : 1h20. Sortie le 23 février 2022
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