-
Ils s’y étaient déjà essayés dans Un homme, un vrai. Comme un premier flirt avant la grande passion amoureuse entre deux êtres faits pour vivre ensemble. Car tout dans le cinéma ludique, ancré dans le réel et pourtant toujours un peu ailleurs, des Larrieu devait les conduire vers la comédie musicale. Mais à leur main, à la fois totalement dans le genre et un peu à côté donc. Soit la relation qu’entretient leur personnage principal avec l’existence. Il s’appelle Tralala, un clochard céleste qui squatte un immeuble en démolition quand, dans Paris, il a une apparition. Une jeune fille vêtue de bleu, venue de Lourdes qui, s’évapore comme elle est arrivée, et qu’il va partir retrouver dans sa ville (celle, natale, des Larrieu), la cité de tous les miracles, où une famille va décider de le reconnaître comme l’un des siens. Un fils disparu depuis 20 ans et attendu comme le Messie. Les faux- semblants, les mensonges qu’on préfère s’inventer pour fuir une réalité trop morose sont au pouvoir dans cette comédie qui mêle avec bonheur les genres musicaux, chaque personnage ayant son compositeur attitré. Une polyphonie qui ne rime jamais avec cacophonie car l’art de la loufoquerie des Larrieu repose sur une grande maîtrise. La règle de leur jeu est précise mais jamais étouffante. Et ses merveilleux solistes (Mathieu Amalric, Mélanie Thierry, Josiane Balasko et la révélation Bertrand Belin dont la gueule charismatique devrait squatter régulièrement le grand écran dans les années à venir) donnent de la voix avec un enthousiasme généreux et une foi inextinguible dans le cinéma.