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L’essentiel dans cette histoire de famille se résume au bruit des gens autour (pour reprendre le titre du film de Diastème écrit par Honoré) de ce moment… Et le bruit – comme les épuisants mouvements de caméra – est incessant : disputes et conversations, portes qui claquent, voitures qui partent et reviennent, sentiments qui se heurtent… On se croirait dans du mauvais Chéreau, un Ceux qui m’aiment prendront le train non maîtrisé. Même Chiara Mastroianni n’arrive pas à rendre moins irritant son personnage de jeune femme aux repères chahutés et moins insupportable ce film poseur.
Toutes les critiques de Non ma fille, tu n'iras pas danser
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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C'est prouvé, un film triste peut procurer beaucoup de joie. Non ma fille... a beau montrer une femme étouffée par les normes, culpabilisée par ses proches, c'est un moment de cinéma très tonique. (...) L'électricité qui circule dans ce « film de famille » n'a rien à voir avec, par exemple, la cruauté et les rancunes telluriques d'Un conte de Noël (Desplechin), également avec Chiara M. Une tendresse piquante, aigrelette, domine.
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Difficile de définir le nouveau film de Christophe Honoré, tant il est divers, hétérogène, symphonique. Et donc riche. Peut-être y a-t-il même plusieurs films tapis dans ce portrait déchiré d’une femme d’aujourd’hui, tiraillée entre ses désirs et les devoirs qu’autrui (sa famille, la société) veut lui imposer.[...] Le film d’Honoré tisse ainsi, peu à peu, le portrait sociétal et psychologique d’une société occidentale très archaïque et faussement évoluée, qui ne laisse aucune chance aux mères.
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Que dire d’un film qui est dans sa première heure ce que son cinéaste a signé de moins aventureux (et contre lequel il s’opposait quand il était critique), et qui est dans sa seconde heure ce qu’il nous a donné de plus profond, de plus sauvage, de plus féminin ? On peut dire que c’est un garçon plein de contradictions. Ce qui (mais ça, on ne sait jamais qu’à la toute fin) tombe bien, puisque son grand sujet ici n’est jamais que la contradiction précisément - celle qui nous fait vivre, celle qui nous tue, celle qui nous fait danser, choisir et en baver. Non ma fille, tu ne viendras pas pleurer.
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Ce film complexe et inspiré prend le risque de la maladresse, et s'en sort avec grâce.
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La beauté du cinéma d’Honoré tient dans ce qu’il paraît à la fois totalement maîtrisé et guidé sans cesse par l’urgence de l’instant. Comme lorsqu’il propose une étonnante scène de flash-back de plusieurs décennies façon conte des temps jadis venant rompre le fil d’un récit moderne, renforcé par cette liberté. Honoré est aussi passé maître dans l’art du casting, offrant à la rare Marie-Christine Barrault un personnage magnifique ou à son acteur fétiche Louis Garrel un second rôle où il peut exprimer toute sa fantaisie. Chez lui, les comédiens ne sont pas au service d’un réalisateur mais choisis pour la cohérence d’un tout vibrant, attachant et romanesque.
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Adieu le maniérisme branché de l'auteur des «Chansons d'amour». Voilà un virage à 180 degrés, plein d'âpreté et de tension; un cinéma bouillonnant, électrique, surprenant, tantôt coupant comme le silex, tantôt friable comme l'argile. Et ce bal des âmes blessées est admirablement servi par ses acteurs. Marie-Christine Barrault y est étonnante. Et si le mot éblouissant a encore un sens, alors il porte un nom : Chiara Mastroianni.
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Sans pour autant virer dans le drame, le film d’Honoré se contente d’une introspection, à la fois tendre et douce, mais finalement austère, à laquelle Léna essaie constamment de se soustraire, comme pour fuir le rôle dans lequel tout le monde aimerait la cantonner. Celui d’épouse, de mère responsable et donc de femme active accomplie. [...]Au final, Christophe Honoré réussit un film sobre et parfois poignant, qui ne parvient pas à abattre toutes les distances entre son personnage central et le spectateur.
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Cette ronde familiale dessine une étude très fine sur l'impossibilité de s'assumer, perdu dans les différents rôles que nos proches et la société nous font endosser. Avec cette oeuvre pleine de fantaisie qui oscille entre conte et réalité, Honoré signe un magnifique portrait au "féminin".
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Quelque chose comme une franchise gourmande, affectée mais volontaire, qui laisse à ses comédiens l'espace où insister physiquement dans des personnages si peu aimables, qui joue des figures de la ronde et des gros plans pour approfondir le déséquilibre qu'il construit . Ce qui, sans être un véritable point de vu, vaut cohérence et confère à ce traité sur la grandeur douloureuse de la solitude sa paradoxale sincérité.
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Christophe Honoré (La belle personne) signe une chronique pas triste sur la famille et offre à Chiara Mastroiani, entourées d'interprètes hors pair, un rôle aussi touchant qu'exaspérant dans lequel elle excelle. Coup de cœur.
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Fidèle au roman de sa coscénariste Geneviève Brisac dont il s’est inspiré, Week-end de chasse à la mère, Christophe Honoré explique de son côté avoir voulu "montrer que cette violence faite aux femmes vient de loin : des contes, des histoires que les enfants lisent, il s’agit d’un héritage". Un point de vue qui lui a inspiré, au beau milieu du film, une digression mettant en scène l’un des vieux contes qui ont hanté son enfance.
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Portrait d'une mère de famille divorcée, dépassée par les événements. Après un début très réussi, Honoré lâche la bride de son personnage... et de son film.
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Christophe Honoré tente de tisser une intrigue autour de la crise existentielle du personnage de Léna (Chiara Mastroianni, mal filmée), sans parvenir à dépasser le simple babil psychologique à deux euros, laborieux dès le début, et très fastidieux à la longue.
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La mise en scène virevolte, le montage se précipite, les fausses pistes se multiplient. La volonté de rythmer les séquences est telle que la légèreté passe plutôt pour de la fébrilité; on a surtout l'impression d'une intention plus ou moins avouée de rivaliser avec la première demi-heure étouffante d'Un conte de Noël, d'Arnaud Desplechin, qui laissait le même sentiment d'être pris à la gorge.
Ce qui tient le film de bout en bout est assurément l'interprétation mesurée de Chiara Mastroianni qui ne rend son personnage jamais fou ni hystérique, comme l'auraient fait les trois quarts des films français, mais inquiet. Revoir le film confirme ce sentiment d'un film d'abord cul par-dessus tête qui se remet dans la bonne position, comme un diabolo lancé en l'air retombe pile sur son fil sans s'arrêter de tourner. -
Le film est une grande plaidoirie sur la condition de la femme qui doit être à la fois épouse, mère, amante, sœur, fille, catin, et assumer tous ces rôles en gardant la fierté, la tête et les fesses froides. Malheureusement, on reste sur sa faim. (...) La qualité d'interprétation sauve la pauvreté des textes et des situations trop communes. Chiara Mastroianni n'a rien à se reprocher (...). On est quand même soulagé à la fin du film de voir le soleil briller au-dehors tant il pleuvait des mauvaises larmes à l'intérieur. Plombant.