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Grosse actu Mozart en ce moment : chez Carlos Saura, dont les pitreries post-Amadeus n’amusent personne (Don Giovanni – Naissance d’un opéra), et chez René Féret, où la soeur du prodige, Anne-Marie, dite Nannerl, fait l’objet d’un traitement beaucoup plus original. (...) le scénario s’égare dans une arborescence thématique parfois flottante. Mais on y trouve suffisamment de grâce et de personnalité pour que l’harmonie l’emporte sur les fausses notes.
Toutes les critiques de Nannerl, la soeur de Mozart
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Cocktail d'histoire et de fiction, cette fresque bouleversante, en partie tournée au château de Versailles, vibre de la passion interdite de Nannerl pour son art. « Il ne fallait pas qu'elle disparaisse une seconde fois », explique René Féret, qui offre ici une belle revanche à son héroïne avec ce film poignant qu'il s'est battu pour réaliser.
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Plus qu'à celle de la musique proprement dite, plus qu'au destin ultérieur de Nannerl, le film est l'histoire de ce renoncement. Il met en scène le moment où la jeune fille, encore bercée d'espoirs et d'illusions, doit se l'avouer à elle-même et rentrer dans le rang. Il n'en est que plus cruel et plus beau.
Pour évoquer cette déchirure, Féret a recours au romanesque. Durant le voyage de trois ans des Mozart devant les cours européennes, le cinéaste imagine une intrigue sentimentale. Elle mêle Nannerl au destin de Louise de France, fille de Louis XV cloîtrée à l'abbaye de Fontevraud, et à celui du dauphin, qui paie les dettes libertines de son père par une dévotion exacerbée. Très loin des pompes en usage dans ce genre de reconstitution, le film met en oeuvre un minimalisme distancié et une justesse des sentiments qui emportent avec grâce la conviction. -
Désintérêt d’un père, perte d’un amour ou dons brisés : ce sont les vies sacrifiées de trois adolescents que René Féret peint dans cette œuvre. Belles lumière et beaux costumes pour peindre une famille saisie dans son intimité, affectueuse et démonstrative, très moderne dans laquelle une fille n’aura jamais la même place qu’un garçon. Beau et émouvant, dont les jeunes actrices, filles du réalisateur, dont l’inexpérience renforce la fragilité et les douleurs cachées.
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Et même si Féret peine à se défaire du corset imposé par le film d'époque, du costume au langage, la désespérance de la jeune fille sourd pourtant des silences et des regards de la jeune Marie Féret (la fille du réalisateur). Des choses minuscules qui font ces douleurs majuscules dont René Féret a le secret.
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René Ferret la [Narnnerl] dessine comme une arabesque légère, très joliment rêvée, sur une peinture de l'époque à la stylisation raffinée, nourrie par la correspondance de Léopold Mozart et l'histoire du XVIIIè siècle. Et les jeunes interpr^ètes sont parfaitement au diapason de ce ravissant divertimento enjoué et mélancolique.
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Il faut reconnaître tout de même qu'après une première heure ennuyeuse, le film finit par décoller un peu, lorsque la trajectoire de Nannerl se sépare de celle de sa famille, que le road-movie devient biopic et montre la jeune fille esquisser une émancipation vite contrariée. Evidemment, sur le même thème, on est loin d'Une Education. Mais quand bien même un truc continue de nous bloquer, au niveau de l'interprétation et de l'écriture, le sujet est tel qu'il finit par forcer l'intérêt, puis l'émotion, jusqu'à un final vraiment beau et fort, presque rageur. Malgré ce rétablissement inespéré, Nannerl reste l'exemple-type du film qu'on voudrait aimer plus, dont on aime l'intention plus que le résultat-même.
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C’est donc en dépit de certaines baisses d’intensité et de quelques répétitions un peu longuettes dans la dernière partie à une fort belle virée romanesque que nous convie Nannerl la soeur de Mozart. Le charme de ses interprètes et la conviction indéniable et communicative de René Féret en font le prix.
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Avec René Féret, on n'est pas dans le marivaudage à la Lubitsch - quoique, par moments, on y tende... Le cinéaste évite, en tout cas, les pièges de la reconstitution historique. En stylisant un max, il réussit à rendre chaleureux et terrifiant ce clan Mozart, que domine Marc Barbé, impressionnant dans le rôle d'un père uniquement attaché à la gloire de son fils. Manque, tout de même, le soupçon d'intensité qui transformerait cette historiette en (mini) tragédie.
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Il reste, tout de même, un sujet original et une façon singulière de regarder l'Histoire par son petit bout.
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En véritable auteur, Féret adapte les événements à sa propre histoire et à son enfance personnelle troublée. Le film est fauché, biaisé, mais intelligent, divertissant et recèle une réelle poésie.