Première
par Frédéric Foubert
Le dispositif – un conte moral enroulé dans un suspense hitchockien – est ultra-séduisant sur le papier. Mais Allen, comme trop souvent (tout le temps ?) depuis vingt ans, emballe ça avec sa nonchalance coutumière, plaquant des voix off mécaniques pour faire avancer l’intrigue, utilisant la quasi-totalité des seconds rôles comme faire-valoir, plaçant dans la bouche d’un des personnages un credo qui se passe de commentaires (« l’important, c’est la substance, pas le style »). On devrait se tordre les mains d’angoisse, transpirer à grosses gouttes, mais L’Homme Irrationnel prend vite des allures de fable pépère, aux prises de risques esthétiques extrêmement mesurées (wow, il n’y a pas de jazz dans le générique d’intro !), Allen préférant se reposer sur l’équipe de cadors qui l’entoure. La photo de Khondji instille joliment le mystère. Emma Stone, après Magic in the moonlight, et même dans un setting contemporain, continue de s’affirmer comme l’une des réincarnations les plus crédibles des grandes héroïnes de l’âge d’or (de l’avantage d’être filmée par un homme qui a vraiment connu les années 40…) Et Phoenix est une fois de plus sensationnel, « Method actor » jusqu’au bout (il a pris du bide, et pas qu’un peu), refusant de singer le taulier, jouant l’alcoolisme de manière radicalement différente de The Master. Tout ça fait un Woody Allen pas mal, pas génial, un de plus, dont on laissera l’appréciation finale au fan-club, qui n’est de toute façon jamais d’accord sur la manière dont on distingue les grands Allen des petits. Certains vous diront que c’est son meilleur depuis Match Point. D’autres que c’est son pire depuis Melinda et Melinda. La vérité, comme souvent, se situe quelque part entre les deux.
Première
par Gérard Delorme
Woody Allen n’a pas attendu son 47e film pour se répéter, mais ce dernier est une symphonie de déjà-vu, déjà-entendu et déjà-lu. Joaquin Phoenix y incarne un concentré des personnages alleniens : professeur de philo sceptique et désabusé, il ressasse des aphorismes du genre "La mort est un fait acquis", qui pouvaient faire rire à l’époque de "Pour en finir une bonne fois pour toutes avec la culture" (1971). Un jour, par désœuvrement et pour épater l’une de ses étudiantes (Emma Stone) amoureuse de lui, l’enseignant décide de commettre un homicide parfait. La suite est une variation sur "Crime et Châtiment". Sans surprise, mais c’est l’inverse qui aurait été surprenant.
Première
par Gérard Delorme
Woody Allen n’a pas attendu son 47e film pour se répéter, mais ce dernier est une symphonie de déjà-vu, déjà-entendu et déjà-lu. Joaquin Phoenix y incarne un concentré des personnages alleniens : professeur de philo sceptique et désabusé, il ressasse des aphorismes du genre La mort est un fait acquis, qui pouvaient faire rire à l’époque de Pour en finir une bonne fois pour toutes avec la culture (1971). Un jour, par désœuvrement et pour épater l’une de ses étudiantes (Emma Stone) amoureuse de lui, l’enseignant décide de commettre un homicide parfait. La suite est une variation sur Crime et Châtiment. Sans surprise, mais c’est l’inverse qui aurait été surprenant.