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La composition du casting n'est pas la seule audace du film. Qu'est ce que ce truc? Un kaléidoscope formel? Un essai impressionniste radical? Il y a de ça. Et tellement plus encore. I'm not there témoigne d'une inspiration en accord avec les métamorphoses de son héros. Jongle avec la chronologie. La mise en scène invente autant que le script, sublime les paysages américains désolés avec des travellings aériens, pénètre sans effraction l'esprit de son modèle et renvoie ainsi subtilement à son univers créatif.
Toutes les critiques de I'm Not There
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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On a parfois l'impression d'errer dans un musée Dylan dont les six salles communiquent un peu trop bien. Où suis-je ? peut alors se demander le spectateur. Et de se dire à son tour, un peu déçu : je ne suis pas là. Qu'on nous laisse hasarder un conseil à cet égaré : de rester jusqu'au bout. Comme si tant d'évocations avaient fini par imposer sa présence in extremis, Bob Dylan apparaît, précédé de son fameux harmonica. Todd Haynes n'a pas fait lui-même cette image un peu floue, il l'a piquée ailleurs. Elle renie le postulat du film et ne jure en rien avec tout ce qui précède. Mieux que le justifier, elle donne envie de le revoir.
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I'm not there est un genre d'hommage absolument inédit, qui restitue le mystère plutôt que la personne. Ce sont six facettes de Bob Dylan, tel un kaléidoscope qui se garde bien d'unifier l'ensemble. Six portraits fragmentaires à travers des chansons et des époques, où chacun des acteurs porte l'un des masques derrière lequel l'insaisissable icône a pu appraître. I'm not there n'est ni une élégie à Bob Dylan, ni une enquête, ni un film d'époque, ni une fiction, ni un western, ni une comédie musicale, et pourtant il traverse tous ces genres.
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Chaque segment possède son style visuel proche de Richard Lester ou de Fellini, de la couleur au noir et blanc, du documentaire au western. Les chansons nourissent la trame d'une narration parfois aussi cryptées que certaines déclarations de l'énigmatique troubadour. Entre les ellipses, les hypothèses, les distorsions, ce portrait fantasmé de Todd Haynes est surtout accessible aux fans éclairés.
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Voilà un étonnant voyage à travers la vie de Bob Dylan. Plusieurs acteurs incarnent l’artiste en une série de personnages changeants: poète, prophète, hors-la-loi, imposteur, comédien, martyr et « Born again ». Tous participent à l’esquisse de cette icône américaine. C’est une belle tentative de portrait, celui d’un poète, d’un personnage définitivement insaisissable. Puristes et fans, restez à distance de cette ovni cinématographique car le cinéaste Todd Haynes peint SON portrait et bouscule la légende. Les univers se télescopent et le cinéaste ne se laisse pas faire par son sujet, c’est plein d’idées et de trouvailles sonores et visuelles.
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I'm Not There, de fait, est un jeu de miroirs sophistiqué dans lequel le moindre détail étoffe le récit de sa signification propre. Devant Charlotte Gainsbourg, par exemple, qui joue ici le rôle de la femme de Robbie, comment ne pas penser au couple mythique que formaient à la même époque ses parents, Serge Gainsbourg et Jane Birkin ?
Les nombreuses, bien que furtives, références au cirque, à Halloween, aux masques ne sont pas moins signifiantes. Elles forment une farandole de fous, de marginaux affranchis et invisibles, qui déambulent au milieu de l'arène pop ; elles sont l'horizon du poète, le pôle d'attraction qui le sauvera, tout au long de sa vie, de l'attraction mortifère des lumières du spectacle. -
I'm not there est un film de spécialistes. De happy few, fiers d'être aussi « happy » ensemble, mais surtout si « few ». Un dramaturge russe du XIXe siècle caricaturait, à la façon de Molière, la vanité, lorsqu'elle devient outrecuidante. Du malheur d'avoir trop d'esprit est une pièce éternelle. Pas sûr que le film de Todd Haynes le soit.