Sous ses allures de série Z post-John Wick sortie directement sur Amazon se cache le meilleur film de John Woo depuis Windtalkers.
Le silence avant la détonation fatale, c'est peut-être ce qui appartient le plus au cinéma de John Woo -qu'on parodie plus volontiers, et plus facilement, avec des colombes et des fusillades au ralenti. Le silence avant que John Travolta et Nicolas Cage, adossés à un miroir, ne se retournent pour se flinguer dans Volte-face, le silence entre les deux coups frappés à la porte par Chow Yun-fat dans The Killer, Cage soldat atteint de surdité dans Windtalkers (son dernier grand film), cet instant d'apesanteur au son d'Over the rainbow (Volte-face, encore) avant l'explosion... "Ce calme et ce vide, montés en rythme avec leurs meilleurs ennemis le vif et le trop-plein, portent la griffe de John Woo", écrivait Antoine de Baecque à la sortie de Volte-face dans Les Cahiers du cinéma.
C'était en 1997. Maintenant, nous sommes en 2023, et Woo a quasiment disparu du radar du cinéma, comme épuisé par son ambitieuse fresque antique Les Trois Royaumes en 2008 : il n'a réalisé que trois films depuis, et le dernier sorti en France, Manhunt, n'était pas bien fameux. Son troisième en date, Silent Night porte la marque du calme et du vide, et du vif et du trop-plein : son pitch un peu nanar (un quidam devenu muet à cause d'une balle tirée devient vigilante, et le film se déroule sans aucun dialogue diégétique) lui permet de déployer littéralement cette opposition entre les deux forces opposées du silence et du bruit, de l'ordre et du chaos. Silent Night est un vigilante movie hyper violent, où l'on massacre d'anonymes gangers latinos à LA sans trop de remords, mais c'est surtout -et ça, c'est du pur Woo- un film dans lequel meurt sous nos yeux une histoire d'amour le temps d'une séquence absolument déchirante. Sans un mot, sans un bruit, juste avant l'explosion...
Silent Night, de John Woo, avec Joel Kinnaman, Catalina Sandino Mureno, Kid Cudi... Disponible sur Amazon Prime Vidéo
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