Outre Skeleton Crew, Andor, The Mandalorian et Ahsoka, deux films et la série The Acolyte exploreront le passé et le futur (post-épisode IX) de la saga. Assez pour redonner de l'importance à une franchise banalisée par son passage sur Disney+ ?
Star Wars est à la recherche du temps perdu. Comme elle en a pris l'habitude tous les deux ou trois ans depuis 1999, la franchise créée par George Lucas fait ce week-end, dans l'Est de Londres, sa Star Wars Celebration. Un événement taillé sur mesure pour des fans en délire, où Lucasfilm annonce ses nouveaux projets et en dévoile parfois des images inédites, le tout entrecoupé par des passages express de stars maison.
En 2017, Kathleen Kennedy, patronne de Lucasfilm, assurait réfléchir « aux dix prochaines années de Star Wars » et regarder « où l'on pourrait aller en termes de narration (…) On essaie de travailler avec des gens qui veulent venir dans l'univers de Star Wars et nous emmener dans des endroits que nous n'avons pas encore explorés, et c'est excitant parce c'est une galaxie lointaine, très lointaine, et très vaste. Les possibilités sont infinies. » Après six ans de gestation, cette promesse pourrait enfin être tenue puisque lors de cette première journée de festivités, il aura beaucoup été question de temps et de « timeline ». Si les séries The Mandalorian, Ahsoka, Andor et Skeleton Crew (avec Jude Law) continueront d'explorer le « présent » de Star Wars (comprenez tout ce qui s'est passé autour de la saga Skywalker), The Acolyte se déroulera 100 ans dans le passé, pendant les derniers jours de l'ère de la Haute République. « On n'est jamais autant remonté dans le temps en live action », détaillait la showrunneuse Leslye Headland, qui assurait avoir pitché « La Reine des neiges X Kill Bill » (alléchant sur le papier).
« Il est vite devenu évident que nous allions devoir situer l'action entre la Haute République et les préquels. C'est là que les méchants sont en infériorité numérique. Ils sont les outsiders. »
Le teaser dévoilé à la Star Wars Celebration montrait l'acteur coréen Lee Jung-jae (Squid Game) dans le rôle d'un mentor Jedi en train de former de jeunes Padawans, et Carie-Anne Moss en figure mystique distribuant les pains comme dans Matrix. La vidéo se terminait par un plan de huit Jedi allumant leurs sabres laser à l'unisson, face à une mystérieuse menace.
The Acolyte sortira en 2024... sur Disney+, bien entendu. L'héritage du « tout streaming » initié par l'ancien PDG Bob Chapek – remercié dernièrement pour être remplacé par son propre prédécesseur, Bob Iger, sorti de sa retraite – a laissé des traces. Sous sa direction, la saga Star Wars, autrefois événementielle car destinée au cinéma, est devenue un contenu comme un autre. Depuis le lancement de la plateforme en 2019, on en est déjà à huit séries live action Star Wars, avec une neuvième potentiellement en développement). Le risque est évident : banaliser la franchise en la chargeant de nourrir un flux ininterrompu. On n'attire pas les abonnés avec du vinaigre, mais attention à l'overdose de miel.
D'autant que côté salles, les projets avortés ont été légion : le film Rogue Squadron de Patty Jenkins, les trilogies de Rian Johnson et David Benioff et D.B. Weiss (les créateurs de Game of Thrones), les longs-métages de Taika Waititi et Kevin Feige... La télé semblait définitivement être l'alpha et l'oméga de Star Wars. Alors qu'on commençait à se faire à l'idée que rien ne bougerait, après une grosse heure de présentations de séries, Kathleen Kennedy, Jon Favreau et Dave Filoni ont réveillé la Star Wars Celebration avec l'annonce de trois films. « Passé, présent, futur », a résumé Kennedy, étrangement en retrait lors de la conférence.
Pas de dates de sortie, mais toujours cette idée d'explorer d'autres temporalités de la franchise afin d'étendre (enfin) la mythologie. Lucasfilm ose finalement s'éloigner de cette période de 60-70 ans qui va de l'Episode 1 à l'Episode 9. James Mangold (Le Mans 66 et prochainement Indiana Jones 5) a ainsi été chargé de réaliser un long-métrage qui fera un bond temporel inédit en live action, 25 000 ans dans le passé. Il y racontera l'origine de la Force et le destin du tout premier Jedi. « Je me suis d'abord demandé quel genre de film je voulais faire dans l'univers Star Wars. J'ai pensé à une épopée biblique comme Les Dix Commandements », a-t-il lâché sur scène. « D'où vient la Force ? Quand l'a-t-on découverte ? Quand a-t-on appris à s'en servir ? »
Dave Filoni sera quant à lui chargé du « présent » (entre Le Retour du Jedi et Le Réveil de la Force), et son film servira de grande conclusion à The Mandalorian, The Book of Boba Fett et Ahsoka. Plus safe et forcément moins alléchant. Et pour s'occuper du « futur », c'est la réalisatrice pakistanaise Sharmeen Obaid-Chinoy qui a été choisie. L'histoire se déroulera quinze ans après l'Episode 9, avec Rey (Daisy Ridley sera de retour) tentant de mettre en place un Nouvel ordre Jedi en suivant les préceptes de Luke et Leïa. Pour rappel, à la fin de l'Episode 9, l'héroïne prenait le nom « Skywalker ».
A l'aune de ces annonces concernant le cinéma, impossible de dire si Kathleen Kennedy commence tout doucement à se faire à l'idée que Star Wars doit se raréfier sur petit écran pour rester pertinente. Mais on ne peut que se réjouir que la saga brise enfin le tabou d'une autre temporalité avec une série et deux films, s'ouvrant ainsi à des histoires qui explosent une partie du cadre mis en place par George Lucas (comme d'innombrables romans, comics et jeux vidéo l'ont fait depuis 1977). Dieu n'est pas mort, mais ses disciples font tout comme.
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