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Après le poétique La Traversé du Temps, Mamoru Hosoda s’attaque à l’univers d’internet et du monde virtuel. Summer Wars mêle brillamment les genres (une fantaisie SF diluée dans un joli mélo) et propose un cocktail émouvant. Le monde coloré et speed d’Oz (plateforme communautaire virtuelle qui s'insinue dans la vie des gens) s’oppose à la petite vie du clan Jinnouchi. L’intelligence du récit est de nous montrer, sans porter de jugement, l’indissociabilité de ces deux mondes. Les personnages attachants, les dialogues ciselés et l’animation somptueuse placent Hosoda dans la cour des grands (Miyazaki, Takahata) de l’animation japonaise.
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Dans un contexte ultrarationalisé où tout film d’animation produit au Japon est précisément ciblé en fonction de classes d’âge et de sexe, Summer Wars fait figure d’exception par sa capacité à s’adresser à tous les publics. Il devrait confirmer Mamoru Hosoda dans sa position d’auteur majeur de l’animation contemporaine. Affranchi de toute contrainte, le monde virtuel, lui, est un paradis graphique inspiré de Murakami, grand créateur d’icônes pop. Le résultat est étonnant : le film a une virtuosité narrative digne d’Altman, une ambition qui n’a rien à envier à Cameron en matière d’interaction entre virtuel et réel et une complexité humaine proche de Sautet.
Toutes les critiques de Summer Wars
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Rafraîchissant et inquiétant, trépidant et contemplatif, Summer Wars bouscule avec bonheur tous nos codes et notre perception cloisonnée des genres.
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par Yann Lebecque
L'action est au diapason avec des séquences à haute tension dans le monde virtuel animées à la vitesse de l'éclair. Ce cocktail rafraîchissant et émouvant impose de fait Mamoru Hosoda comme un réalisateur à suivre de près, attaché tout autant à la forme qu'au fond.
Le graphisme est remarquable dès qu'il s'agit de capter le monde réel.
On ne sait ce qui séduit le plus : l’ambition d’un scénario réussissant la combinaison pourtant improbable entre douce chronique familiale et SF apocalyptique, la pertinence de la mise en scène optimisant la synergie des deux récits ou l’inventivité débridée et virtuose du graphisme.
Désamorçant le sérieux du sujet par des notes d'humour et de légèreté fort bienvenues, le réalisateur Mamoru Hosoda injecte de l'humanité dans son cinéma fantastique pour un résultat spectaculaire comme un film catastrophe, et addictif comme un jeu vidéo
Grâce à quelques coïncidence dickensiennes habilement disposées (un membre du clan Jannouchi est parti aux Etats-Unis faire sa carrière de hacker), le destin de cette famille aristocratique qui ne trouve plus sa place dans le monde d'aujourd'hui se trouve étroitement mêlé au sort de cette réalité alternative où se sont déplacés les enjeux économiques (alors que la fortune évanouie des samouraï avait été accumulée à l'ère Meiji, dans l'industrie de la soie).
Cette opposition est sans doute réitérée un peu trop systématiquement pour que le film ne confine pas à la démonstration. Mais l'élégance de l'animation classique et l'inventivité de la représentation numérique du monde d'Oz compensent ces lourdeurs.
On retrouve chez Mamoru Hosada le même intérêt pour la réalité, sa poésie, ses contraintes et ses leurres, que chez Satoshi Kon dans Perfect Blue ou Paprika. Mais, à la différence de ces dernières œuvres, Summer Wars s’apprécie comme un film d’action où les nombreux retournements de situation coquaces et souvent inattendus, rythment un long-métrage à la fois réflexif et passionnant.
Un big bug et une crise familiale : c’est ce que réunit le réalisateur de « La traversée du temps » dans un scénario solide doté d’un très beau graphisme. Deux univers parfaitement opposés mais liés avec fluidité: un manga au design ultra moderne et la tranche de vie familiale d’un clan pittoresque aux traditions anciennes, dans une demeure ancienne. Dans chaque monde, des conflits, des combats et des règlements de comptes… Un film d’action et un hommage à la famille dans lequel le réalisateur dénonce la dépendance à des technologies dangereuses. A la communication virtuelle, il prône le dialogue et la solidarité d’une famille soudée dont les valeurs vaincront.
Après le succès international du splendide «La Traversée du temps», Mamoru Hosoda et le studio Madhouse ont connu un nouveau triomphe au Japon avec «Summer wars», en compétition au festival d'Annecy. Si le scénario se révèle moins enthousiasmant, le long métrage d'animation, très réussi esthétiquement, exploite intelligemment le fameux cliché «tradition et modernité». Plus que la description d'Oz, un univers virtuel peuplé de millions d'avatars fantaisistes et colorés, c'est d'ailleurs celle de la famille nippone qui captive le spectateur. De scènes de repas en parties de cartes, le quotidien des personnages, raconté avec une pointe d'humour, constitue le meilleur du film.
Hosoda souligne avec un humour pas toujours finaud et une pointe d'angoisse la dépendance croissante de l'humanité à l'ordinateur. Mais, en même temps, il multiplie les passerelles entre les nouvelles technologies et la société nippone traditionnelle. Comme s'il avait voulu associer l'imagination postmoderne de Satoshi Kon (l'auteur du délirant Paprika) avec le réalisme des grands maîtres du cinéma japonais d'autrefois. C'est tout de même rare qu'un film d'animation détaille, à la manière d'Ozu, les joies et les peines d'une réunion de famille. Et cite une réplique des Sept Samouraïs en guise de leçon de vie...