Toutes les critiques de Slevin

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gérard Delorme

    L'histoire du film noir n'a pas attendu Usual Suspects pour délivrer ce genre d'exercice de style qui joue avec les apparences jusqu'au coup de théâtre final. Slevin perpétue la tradition sans jamais insulter le spectateur, et ses quelques inévitables excès (coups de théâtre en série, dialogues tarantiniens...) sont largement compensés par ses qualités, principalement des interprètes qui se prennent au jeu et font partager leur plaisir.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Que diriez-vous d'essayer un polar pas comme les autres, où cohabitent une foison de styles, où les genres même se catapultent parfois, où l'on ne s'ennuie pas une seconde, que l'on n'a pas vu déjà cent fois, et qui sait s'amuser ?
    On dirait que Slevin n'a pas de chance. Certes c'est un jeune homme plein de charme, mais tout de même une poisse pareille ! Perdre son appartement, découvrir de visu l'infidélité de sa petite amie puis se faire agresser et voler ses papiers, ça fait beaucoup. Et lorsqu'il débarque à New York, chez son ami Nick Fisher, ça continue. Car Nick est absent, et, hormis la pétillante voisine de palier Lindsey, tout le monde semble s'acharner à confondre les deux garçons. Rien de grave, si Nick ne s'était pas mis dans un sacré pétrin, et que par ricochet Slevin s'y retrouve lui aussi.Ça commence par une sombre histoire de chevaux. Des courses hippiques truquées, des paris qui tournent mal, des caïds mal lunés, pas mal de sang. Ça enchaîne sur cette histoire loufoque de malchance carabinée et de méprise d'identité. Ça passe par le film romantique, le polar, la comédie, le drame, le suspense... En fait, « Slevin » passe partout ! Et l'image suit : gros plans, grande profondeur de champ, ralentis, flous, couleurs saturées ou quasi Noir et Blanc, caméra fixe ou filante... Les variations ne manquent pas. Bien vu. Le film repose habilement sur ce patchwork de styles (côté esthétique) et de genres (côté scénario), dont la fonction est vraisemblablement de désorienter le spectateur, ce qui colle au mieux à la narration. Car « Slevin » joue au final son va-tout sur le suspense instauré et la longueur d'avance jalousement conservée sur le spectateur. Et c'est réussi. Extrêmement bien ficelé, le film tiendra à n'en pas douter le haut du classement avec le Inside Man de Spike Lee, dans la catégorie des meilleures intrigues 2006.British Touch !
    Le bonus, c'est qu'en accordant ainsi constamment la forme au fond, le réalisateur Paul McGuigan donne le jour à un polar de facture inédite, tout sauf fidèle aux classiques du genre. Ce n'est sans doute pas un hasard s'il est d'origine britannique. Quelque chose de Snatch dans l'insolence latente, une bonne dose de dérision au troisième degré, des répliques bien senties... Et contrairement à l'apparente légèreté de tout ça, rien n'est gratuit. McGuigan mise finement sur l'absurde, qu'il utilise comme ressort de comédie autant que pour brouiller les cartes. Quant au travail sur la caricature, il suscite le rire tout en alimentant le jeu sur les apparences qui se met en place peu à peu : pas vu pas pris, s'arrêter à ce qu'on voit... ou pas ! Le casting bourré de têtes d'affiches américaines s'en donne à coeur joie, si l'on veut bien fermer un oeil sur la performance de Bruce Willis, trop impassible, trop lui-même, trop déjà-vu dans ce rôle-là. Les petits caïds montent sur leurs ergots, les gros bonnets jouent allègrement du cliché, la voisine s'amuse à enquêter aussi simplement que dans un dessin animé, et au milieu de tout ça Slevin s'avère être un personnage complexe à multiples facettes.Bien écrit, bien pensé, tellement fun et s'offrant le luxe d'une amourette qui parvient à être touchante, Slevin regorge donc de surprises et d'idées. Entre les scènes, les transitions sont particulièrement soignées, comme pour relier un minimum les pièces de l'imposant puzzle qui nous est servi au dîner. Mais pour reconstituer l'image, c'est à vous de jouer !Slevin
    Un film de Paul McGuigan
    Avec Josh Hartnett, Bruce Willis, Lucy Liu
    Etats Unis, 2005
    Durée : 1h48[Illustrations : © Metropolitan FilmExport]
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