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(...) Cédric Kahn avoue avoir voulu rendre hommage à La Femme d’à côté de François Truffaut, parangon du drame passionnel à la française qui racontait la même histoire : les retrouvailles de deux ex et leur plongée dans le gouffre d’une passion dévorante. Une référence écrasante pour Les Regrets qui, bien que réussi, ne boxe pas dans la même catégorie. En choisissant délibérément la simplicité (scénario linéaire, dialogues minimalistes) pour filmer strictement les élans du cœur et des corps, Kahn prenait le risque de la répétition. Dans Les Regrets, Maya et Mathieu passent leur temps à se retrouver et à se quitter, à se défier et à se soumettre, à se consumer et à renaître. C’est de l’amour sample, filmé comme tel, en boucle,
par Kahn, prisonnier du dispositif qu’il a mis en place. Il en résulte une impression de ronronnement, semblable à celui du moteur des voitures que les personnages ne cessent d’emprunter – le motif de la route, symbole du destin en marche, est récurrent chez Kahn.
Toutes les critiques de Les regrets
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Les rapports de force, la cruauté, l’obsession sexuelle, le gâchis, oui, mais l’amour… [...]n décidant de tout miser sur ces retrouvailles et leurs effets déboussolants, Cédric Kahn a fait le pari que l’intensité des sentiments se passerait quasiment des accidents du récit, occupant tout l’écran comme une évidence.
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Là où certains se seraient vautrés dans le gros mélo qui tâche, Kahn choisit judicieusement de donner à son film des allures de thriller. Quoi de plus naturel de jouer avec le suspense et de créer une atmosphère inquiétante lorsque l’on parle de mystères, même s’il s’agit de ceux des sentiments. [...]A cela s’ajoute paradoxalement une dimension comique indéniable. Réapprendre à aimer et gérer les aléas de l’adultère en sont les deux principaux ressorts.
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Les regrets est tout simplement le meilleur film français que j'ai vu cette année : un amour pas forcément joyeux, jamais mièvre, riche, exigeant, maîtrisé de A à Z, tendu, nerveux, passionné et jouissant d'un équilibre magique car... parfait. (...) Le réalisateur sait comme personne faire grimper la tension, surprendre en inversant les rôles quand on s'y attend le moins (...) rendre palpable les pulsions et le désir fou qui habite ses personnage.
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On a beau connaître la fin dès le début pour en avoir vu et revu... ces histoires d'amour impossibles, comme celle de Maya et de Mathieu, nous fascinent.
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Nervosité du montage, suspens, ellipses, rythme soutenu entre violences et accalmies... l'action et la tension priment autant que les dialogues radicalement percutants. Yvan Attal et Valeria Bruni Tedeschi investissent à la perfection leurs rôles d'amants terribles. (...) ils donnent une densité émotionnelle très singulière à cette histoire à la fois romanesque et réaliste sur la maladie d'amour et la peur panique de l'abandon.
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La mise en scène de Cédric Kahn, granuleuse, scotchée aux corps de ses deux protagonistes et en mouvement permanent, excelle à faire ressentir ce malaise de la passion livrée à l'impatience des contretemps et aux contraintes du réel (boulot, textos, gares, hôtels) : Les Regrets est une course poursuite amoureuse, épurée (cinq personnages, pas plus), pleine de suspense. Affaire de décalage, encore, tragique et superbement incarné par un Yvan Attal au regard de gosse soudain raffermi par la peur d'être adulte (et dans son meilleur rôle à ce jour), et Valéria Bruni Tedeschi, précise et émouvante dans ce beau mélo.
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Se revoir, se désirer à nouveau, s'étreindre fougueusement et décider ou non de rattraper les années perdues en faisant valser des vies plus ou moins stables... Cédric Kahn filme cet enchaînement comme une sorte de fatalité, une rage qui prend possession des corps et des esprits. Un piège, même, dans lequel chacun tombe tour à tour, puis s'agite vainement pour se dégager. L'amour, ce sont des sables mouvants.
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Le réalisateur de L'Ennui et de Roberto Succo fait monter la tension et capte l'intensité de la «pulsion amoureuse» comme s'il filmait un polar. Soutenu par des acteurs brillants, Cédric Kahn parvient à communiquer l'urgence de personnages conscients que le temps est leur pire ennemi.
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Un film singulier, touchant, universel parce que l’amour l’est. Face à Yvan Attal fièvreux, Valeria Bruni Tedeschi impose avec charme son ambivalence. Elle semble pourtant y mettre moins de cœur, mais rien de grave. Car ces Regrets émouvants et imparfaits s’accrochent avec force à nos mémoires.
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Il fallait un sacré culot pour s'attaquer à un thème aussi banal. Cédric Kahn a réussi ce tour de force. Il a su attiser le feu qui couvait sous les braises et filmer ce duo sensuel avec l'intensité et la nervosité d'un thriller. Dans le rôle des amants fiévreux, Yvan Attal et Valeria Bruni Tedeschi offrent une composition irrésistible.
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par Thomas Baurez
À côté d’eux et en eux, ces regrets, nous les partageons corps et âme avec Mathieu et Maya, pris dans le tourbillon d’une ancienne passion qui refait brutalement surface. Une empathie évidente donnant à ce drame toute sa force et son souffle. La caméra titille ainsi notre affect et nous balade jusqu’au vertige, jusqu’à l’épuisement. Le fantôme du grand Truffaut plane au-dessus de cette passion qui évoque par bien des aspects une certaine Femme d’à côté. Un film tout en mouvement donc, qui file sur les êtres pour mieux les bousculer. L’amour – c’est bien connu – est toujours en fuite !
La faute à trop de distance, de cynisme, d’esprit critique et d’analyse. Trop de psychologie aussi, puisque l’histoire de ces amants-là se résume pour Kahn à un cas névrotique : à la rencontre entre une hystérique et un phobique, une chieuse et un lâche. Cedric Kahn,[...]possède un regard peut-être trop clinique et synthétique pour ce genre de sujet, qui réclame de l’abandon, de l’intérêt pour le singulier. Dommage.
Si vous aimez les livres de la collection Harlequin, les amours torrides et les acteurs français qui s'érotisent, vous passerez un bon moment avec ce film au scénario artificiel, mais à l'interprétation charnelle.
Règle absolue de tous les films sur la passion : plus la folie amoureuse emporte les personnages, plus ils doivent nous être également chers, même si incompréhensibles. Chez le Truffaut de La Femme d'à côté, on ne savait pas qui on aimait et plaignait le plus, de Fanny Ardant ou de Gérard Depardieu. Ici, on sait : ça tue tout...
François Truffaut n'aurait-il pas déjà tout dit, en 1981, dans La Femme d'à côté, avec Gérard Depardieu, auquel on pense immédiatement ? Si Truffaut entretenait la passion enfouie par la présence de l'être aimé, Cédric Kahn la symbolise par les allers-retours incessants d'Yvan Attal en train. On voit plus de pays mais moins de cinéma.
Il n'y a pas la moindre chair dans ces personnages de convention, gouvernés par une passion qu'un scénariste en mal de romanesque s'esquinte à rendre systématique.