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La bande-annonce de ce film était parfaite. Belle à pleurer. Ce titre, déjà, Cry Macho, qui fout les frissons et résume un parcours, comme des mots gravés sur une pierre tombale. Les dialogues, énoncés d’une voix sépulcrale, qui sonnaient comme un commentaire définitif sur la légende eastwoodienne (« This macho thing is overrated »). Et puis cette gueule, émaciée, celle d’une superstar de 91 ans, la plus endurante de l’histoire du cinéma. Cette mise en bouche était en fait tellement efficace que le film, à côté, paraît presque superflu. Surtout après La Mule, où Eastwood se montrait déjà à nu, comme arrivé au bout du chemin. Cry Macho, lui, rabâche et musarde. L’histoire est un prétexte : Clint part chercher un ado fugueur de l’autre côté de la frontière et les ramène au Texas, lui et son coq de combat nommé Macho. Mollement ficelée, l’intrigue recèle néanmoins une jolie idée : en route, le vieil homme et le gosse s’arrêtent dans un bled mexicain et, l’espace d’un instant, espèrent secrètement que rien ne les en fera partir. Et si le temps s’arrêtait ? Ce ne serait pas désagréable ; on pourrait contempler pour l’éternité le visage parcheminé de Clint Eastwood. Comme l’ex-Dirty Harry n’est plus tout jeune, il fait plein de petites siestes au cours du film, et le chef-op’ Ben Davis en profite pour l’immortaliser comme un gisant, une larme coulant imperceptiblement sur sa joue. C’est une image parfaite pour prendre congé. Eastwood nous a souvent fait le coup du film crépusculaire, mais on frissonne, comme à chaque fois, à l’idée que celui-ci puisse vraiment être le dernier.