Abbas Kiarostami est né le 22 juin 1940 à Téhéran en Iran. À dix-huit ans, il s’inscrit à l’École des Beaux-Arts de Téhéran et commence par travailler, comme employé de circulation routière la nuit, pour pouvoir payer ses études. Très vite, il intègre la société Tabli Film, pour laquelle il réalise près de 150 spots publicitaires.Dès la création du département cinéma au sein de l'Institut pour le Développement intellectuel des enfants et des jeunes adultes, Abbas Kiarostami - qui en est le fondateur – se met à réaliser plusieurs courts-métrages dont le premier s’intitule, Le Pain et la Rue. Un film de douze minutes en noir et blanc, qui ne passe pas inaperçu et fait le tour des festivals en 1970. Quatre ans plus tard, il réalise son premier long métrage, Le Passager qui porte sur le thème de l’enfance. C'est un thème récurrent chez le cinéaste qui est particulièrement présent dans ses premières réalisations telles que Les Élèves du cours préparatoire (1984) ou encore Où est la maison de mon ami ? (1987). Au début des années 90, la problématique artistique de Kiarostami va prendre une direction autre que celle de l’enfance. Dans Close-up (1990), il s'interroge ainsi sur le cinéma, sur la frontière entre la réalité et la fiction et n'hésite pas à entraîner le spectateur dans ses doutes et ses interrogations en mêlant le documentaire à la fiction. Tout en poussant ses films à la limite du cinéma, les questionnements de Kiarostami prennent dès Et la vie continue (1991), et Au travers des oliviers (1994), une dimension plus métaphysique en abordant les thèmes de la vie et de la mort. Il continue à garder une mise en scène dénuée d’effets, qui le pousse à se dépasser dans l’utilisation de la technique cinématographique et à renouveler à chaque fois sa créativité notamment avec l’emploi de la DV d’abord dans ABC Africa, puis Ten. Dans ce dernier film, il invente même le dispositif de la caméra-voiture.
Outre son statut d’icône du cinéma iranien, il est considéré comme l’un des maîtres du « cinéma des véhicules à moteur ». Ainsi, comme le déclare l’éminent critique de cinéma du New York Times, A. O. Scott, Kiarostami « […] conçoit l’automobile comme un lieu de réflexion, d’observation et, surtout, de conversation. ». Contrairement à Mohsen Makhmalbaf qui profite du soutien des autorités iraniennes, Kiarostami tourne souvent dans des conditions difficiles. C’est seulement après l’obtention de distinctions dans des festivals internationaux que le réalisateur commence à se faire connaître dans son propre pays et devient l’un des metteurs en scène les plus importants de sa génération. Suite à son film Le Goût de la cerise, il est récompensé d’une Palme d’or au Festival de Cannes en 1996. Quant à Le Vent nous emportera réalisé en 1999, il est remarqué à Venise et obtient le Grand Prix Spécial du Jury. En 2005, Kiarostami collabore avec Ken Loach et Ermanno Olmi, pour réaliser Tickets, où il évoque les interactions quotidiennes qui existent entre les individus dans la rue, les transports en commun, et dans la vie de tous les jours. Il fait tourner Valeria Bruni Tedeschi, Carlo Delle Piane, Silvana De Santis, une première pour le cinéaste qui a l’habitude de tourner avec des acteurs non professionnels. Ancré dans la réalité, Kiarostami ne cesse d’innover son approche du cinéma, repoussant continuellement les limites, aussi bien pour ses sujets que ses moyens ; et interrogeant même le cinéma dans sa propre définition. Il n’hésite pas également à entraîner le spectateur au cœur du processus créatif, en dévoilant les différentes étapes d’élaboration d’une œuvre filmique, notamment avec le documentaire 10 on Ten, réalisé en 2002 et sorti en 2004. En 2007, il participe également à la réalisation du film collectif présenté à Cannes, Chacun son cinéma. Un titre qui pourrait finalement résumer la ligne de conduite artistique de ce brillant réalisateur iranien qui a toujours su nous livrer un cinéma d’une originalité, d’une liberté, et d’une vérité rares. En 2008 et en 2009, il confie le rôle principal de deux de ses films, Copie conforme et Shirin à l’actrice française, Juliette Binoche. C'est d'ailleurs pour le présenter le premier de ces deux films, qu'il se retrouve en compétition officielle du 63ème Festival de Cannes. Réalisateur habitué du Festival de Cannes, il revient en compétition officielle avec Like someone in love en 2012. Il meurt à Paris le 4 juillet 2016 des suites d'un cancer.