Une série qui tente de saisir la complexité du trafic de drogue à travers son versant capitalistique et sa violence pure. Mais qui se noie dans ses intrigues.
Avec Gomorra, Roberto Saviano est devenu le nouveau gourou des films et séries de mafia et après quatre saisons de Gomorra – la série (et en attendant le nouveau film), voilà donc ZeroZeroZero, nouvelle pièce du Saviano Cinematic Universe, qui commence ce lundi soir sur Canal +.
Mais cette fois-ci, il ne s’agit pas d’une série cocaïnée et obèse sur la Camorra. Si le projet est toujours mis en scène par Stefano Sollima et toujours blindé d’excès théâtraux et de sang giclant sur l’écran, on a quitté Naples pour un voyage à travers le monde. Il y est question d’un vieux parrain calabrais et de son petit-fils rebelle ; d’un frère et d’une sœur courtiers qui accompagnent une cargaison de drogue (le versant tragédie familiale) ; et d’un ancien militaire mexicain fou de Dieu qui se transforme en chef de la milice armée (l’aspect violence des cartels).
Soit le producteur, l’intermédiaire et le client de la nébuleuse du trafic de drogue et de ses ramifications capitalistiques. Après un démarrage hold-up, la série trace sans jamais ralentir et offre en neuf épisodes assez de storylines et de twists pour tenir trois saisons d’une série moins hystérique. Forcément, cette volonté de filer plus vite qu’une dum-dum amène son lot de raccourcis gênants (sur l’évolution des personnages) et de facilités d’écriture.
Pire, ZeroZeroZero repose sur une astuce narrative (chaque épisode est raconté d’un point de vue avant d’être entièrement revu à travers un autre personnage…) qui oblige à des contorsions scénaristiques aberrantes. Reste la rutilance du style de Sollima et l’apparition de Harold Torres, un acteur (et un personnage) dément. Mais pas vraiment de quoi rendre addict.
Commentaires