Dans Maestro, le nouveau long-métrage de Bradley Cooper disponible le 20 décembre sur Netflix, l’acteur interprète cette figure majeure de la musique classique, mondialement connu pour la partition de West Side Story. Portrait.
Maestro, deuxième long-métrage réalisé par Bradley Cooper, cinq ans après A Star is Born, s’affiche comme le biopic qu’il n’est pas vraiment. C’est d’ailleurs l’une des qualités de ce portrait intime du chef d’orchestre et compositeur américain Leonard Bernstein (1918 – 1990) que d’éviter la litanie habituelle : la vie, la mort, la gloire, la chute... Il est ainsi probable qu’à la fin du film vous en sachiez plus sur l’intériorité du bonhomme que sur sa vie à l’extérieur de lui-même. Il n’est donc pas inutile d’évoquer ici certains repères biographiques et autres faits d’armes.
Leonard Bernstein, issu d'une famille juive ukrainienne basée dans le Massachusetts et passé par Harvard, doit en grande partie sa réputation à la partition de West Side Story, comédie musicale qui triomphera à Broadway avant de devenir le double monument cinématographique que nous connaissons, celui de Wise (1961) puis de Spielberg (2021). Steven Spielberg, qui devait initialement réaliser Maestro, est l'un des producteurs du film via sa société Amblin Entertainment.
Critique de Maestro de Bradley CooperChef d’orchestre enfiévré
La consécration obtenue grâce à West Side Story qui ne doit pas recouvrir tout le reste. Deux rencontres décisives décident de son parcours : le chef d’orchestre Dimitri Mitropoulos et le compositeur Aaron Copland. Bernstein va diriger les plus grands orchestres du monde dont l’Orchestre Philarmonique de New York. Sa fièvre, sa gestuelle expressive, rendaient ses apparitions sur scène anthologiques. Dans le film de Todd Field,Tár, la cheffe d’orchestre incarnée par Cate Blanchett se réclame d'ailleurs ouvertement de Leonard Bernstein.
L’un des points d’orgue de Maestro est une séquence dans la cathédrale d’Ely près de Cambridge où Bradley Cooper dans le rôle-titre, dirige avec une fougue sidérante le London Symphony Orchestra interprétant la Symphonie n°2 de Gustav Mahler. Cooper, qui a décidé de la filmer en un long plan séquence, avoue avoir travaillé six ans pour parvenir à restituer la pantomime de son modèle. Bernstein est aussi l'auteur de plusieurs symphonies, opéras et opérettes.
Un esprit libéré
En 1951, Bernstein épouse la comédienne Felicia Montealegre (interprétée à l'écran par Carey Mulligan) avec qui il a trois enfants. "Tu es un homosexuel et cela ne changera sans doute jamais", écrit-elle à son mari. "Je suis prête à t’accepter tel que tu es car je t’aime passionnément." Bernstein multipliera les conquêtes masculines durant les 25 ans que durera leur mariage. Si on ajoute les positions humanistes du compositeur, on ne s’étonnera pas qu’il ait été dans le collimateur du FBI cherchant à le "faire tomber" durant la chasse aux sorcières.
Une pop star
Outre son statut au sein des sphères liées à la musique classique, Bernstein a été une figure populaire aux Etats-Unis. Charismatique et pédagogue, il a participé à plusieurs émissions de télé afin de partager ses lumières. Entre 58 et 72, il anime ainsi une sorte de Star Ac’ de la musique classique, Omnibus, qui permet à de jeunes élèves de se produire à ses côtés. En 1967, il anime l’émission Inside Pop-The Rock Revolution, un documentaire sur les nouveaux genres musicaux prisés par les jeunes où il affirme : "Les Beatles sont les Schubert de notre temps !"
Une façon de décloisonner les murs qui séparent la "grande" musique des autres formes réputées moins nobles. Avant même la musique classique c’est le jazz qui a bercé l’enfance de Leonard Bernstein. L'homme est mort le 14 octobre 1990 d'un cancer du poumon doublé d'une pneumonie à l'âge de 72 ans.
Maestro de et avec Bradley Cooper et aussi: Carey Mulligan, Matt Bomer, Maya Hawke... Durée: 2h09. Sur Netflix à partir du 20 décembre.
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