L’actrice se confie dans une interview au New-York Times, plus de trois mois après avoir témoigné contre Christophe Ruggia.
Adèle Haenel s’était fait particulièrement discrète depuis son témoignage contre Christophe Ruggia, en novembre dernier, dans les colonnes de Mediapart. Ce lundi, l’actrice du Portrait de la jeune fille en feu a choisi de revenir sur la scène médiatique dans une interview publiée en anglais et en français par le New-York Times. L’occasion d’évoquer le cheminement personnel qui lui a été nécessaire pour prendre la parole et dénoncer les attouchements sexuels du réalisateur français lorsqu’elle était jeune adolescente, mais aussi de pointer du doigt le manque de réactivité du gouvernement français face au phénomène #MeToo.
"Il y a un paradoxe #MeToo en France, affirme-t-elle. C’est l’un des pays où le mouvement a été le plus suivi, du point de vue des réseaux sociaux, mais d’un point de vue politique et médiatique, la France a complètement raté le coche". L’actrice de 120 battements par minute en a profité pour évoquer les dysfonctionnements du système judiciaire en place, qui ne fait pas "des violences faites aux femmes sa priorité", et qui devrait "s’amender pour mieux traiter les femmes victimes de violences sexuelles".
J’accuse : Le film de Roman Polanski cartonne à l’étrangerL’actrice de 31 ans n’a pas non plus épargné Roman Polanski, dont le film J’accuse est nommé 12 fois aux César (qui auront lieu ce vendredi 28 février). "Distinguer Polanski, c’est cracher au visage de toutes les victimes. Ça veut dire, ‘ce n’est pas si grave de violer des femmes’", affirme l’actrice. Et d’ajouter : "À la sortie de J’accuse, on a entendu crier à la censure alors qu’il ne s’agit pas de censurer mais de choisir qui on veut regarder. Et les hommes riches, blancs, rassurez-vous : vous possédez tous les moyens de communication."
Le réalisateur Christophe Ruggia en garde à vue après les accusations d’Adèle Haenel
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