Son co- producteur Dimitri Rassam nous raconte la petite histoire du film d’Anthony Marciano, dispo en VOD
Comment en êtes-vous venu à produire Play ?
Dimitri Rassam. : Avec Benjamin Elalouf, on sortait du succès du Brio d’Yvan Attal quand il m’a parlé d’un bon sujet que développait Anthony (Marciano). Anthony et lui se connaissaient depuis Les Gamins car Benjamin travaillait alors dans la boîte qui l’avait produit. On a donc organisé un déjeuner pour qu’Anthony nous explique son projet et, dans la foulée, sans attendre, on a dit qu’on était partant.
Pour quelle raison ?
Parce quand Anthony nous racontait son film, j’avais l’impression qu’il me racontait ma vie. Son propos était universel. Il y a quelque chose de générationnel dans Play parce qu’Anthony a su parler sincèrement de lui. Et par le prisme du dispositif du found footage, j’adorais cette idée de capturer comment notre mémoire fonctionne. L’idée du montage de sa propre vie. Un best of de ses moments marquants, bons ou mauvais. Pour tout vous dire, je n’en revenais pas que ça n’avait jamais été fait.
Vous avez donc décidé de produire le film avant même de lire son scénario ?
Oui, avec Benjamin, on était sur la même longueur d’ondes. On avait aimé Les Gamins et toutes les scènes que nous décrivait Anthony mêlait dans une parfaite harmonie humour et émotions. Il y a sans doute eu de notre part une forme d’inconscience liée à notre enthousiasme immédiat. Mais le pragmatisme d’Anthony avait aussi quelque chose de très rassurant. Cette idée d’une radicalité – notamment cette idée de passer une grande partie du récit avec des jeunes visages inconnus - au service de l’émotion.
Comment avez- vous discuté justement du casting avec lui ?
On s’est dit d’emblée que pour ce genre de film, la présence de têtes connues n’avait pas franchement d’importance. D’autant plus, qu’honnêtement, aujourd’hui, il y a peu d’acteurs qui font une différence significative dans la plupart des tranches d’âge qu’on recherchait. On ne s’est jamais par exemple posé la question de combien de temps on allait passer avec les jeunes. Pas plus qu’on a minuté la présence de Max (Boublil) à l’écran. L’essentiel ici était le récit et sa singularité
Est-ce que ce parti pris a compliqué le financement ?
Notre enthousiasme était tel que je dois bien reconnaître que ça a été moins simple que je le pensais de prime abord. Il faut savoir que Play n’aurait jamais vu le jour sans le soutien d’une chaîne hertzienne. Certaines ont décliné. Et si France 2 ne nous avait pas suivis, on aurait eu un gros problème à réunir les 7,7 millions d’euros du budget, dont 10% consacré aux seuls droits des titres de la B.O.. On venait de faire Le Brio avec eux et heureusement pour nous, leur engagement est arrivé assez tôt dans le processus. Il faut les saluer car si à l’arrivée le film a tout d’un grand divertissement populaire, ce n’était pas forcément une évidence au départ, à la simple lecture du scénario. Canal + est venu aussi très vite car je pense qu’il y a une dimension « Génération Canal » dans le film d’Anthony.
Comme personne ne l’avait fait avant Play, vous n’avez jamais craint que le found footage se marie mal avec la comédie romantique et que ce soit une fausse bonne idée ?
Play détourne en effet l’utilisation du found footage. D’habitude, il sert à faire peur ou à faire rire. Là, il génère une forme de nostalgie. Mais notre but comme celui d’Anthony était évidemment d’offrir une expérience de cinéma agréable. Anthony a passé près d’un an à tester les différentes solutions possibles à l’écran pour reproduire notamment l’évolution de la qualité des images vidéo au fil du temps. Play propose donc une expérience immersive mais jamais perturbante. Le concept est au service de l’histoire. Rien n’est jamais gratuit ou tape à l’œil. La facture du film rejoint le fond. On avait à un moment évoqué la possibilité de tricher avec de la voix- off par exemple mais on est resté sur quelque chose de volontairement radical, pour ne pas changer de film en cours de route…
Qu’est ce qui vous a le plus marqué dans les réactions du public lors des projections ?
Le fait que les plus jeunes s’en emparent comme j’ai pu m’emparer à l’époque, moi, de certains films de Klapisch même si je n’avais pas l’âge de ses héros. Ce fut aussi très agréable d’avoir autant de retours positifs du métier. Je n’avais jamais connu ça comme producteur. Mais l’aventure ne va pas s’arrêter là. On devrait signer pour un remake américain.
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