Gaspar Noé persiste et signe : il compte bien faire un film pour enfants

"Ou avec de jeunes enfants, explique le réalisateur de Vortex. Ils sont comme des petits adultes. Quand vous êtes gamins, vous êtes en danger, exposé à tout."

Invité au festival du film du Caire, Gaspar Noé a donné une masterclass, puis s'est livré dans Variety sur ses envies de réalisateur.

"Les genres principaux qui m'intéresseraient pour un futur film sont le documentaire, le film de guerre et l'horreur, a ainsi expliqué le créateur d'Irréversible, Love ou encore Vortex. Je devrais peut-être essayer de mélanger les trois ? J'aimerais aussi faire un film avec de jeunes enfants, ou un film pour enfants."

Un film pour enfant par le réalisateur spécialisé dans les œuvres choc et expérimentales ? Il détaille son idée :

"Les gosses, ce sont comme des petits adultes. Quand vous êtes gamins, vous êtes en danger, exposés à tout. Dans la vie, je suis très attaché aux enfants, même si je n'en ai pas eu moi-même. Je trouve que la relation que l'on noue avec un enfant est plus directe, et pleine de jeu. J'aimerais faire un film avec des petits. Ils sont liés à une certaine fragilité, et exposés à toutes sortes de dangers."

Gaspar Noé avait déjà évoqué cette idée en 2022, peu après la conception de Vortex, un film qui s'intéressait à l'inverse aux personnes âgées :

"J’ai déjà fait un film sur le troisième âge avec Vortex donc le prochain sera différent. J’aimerais faire un film avec pour personnages principaux de très jeunes enfants, âgés de trois à cinq ans, avec très peu de dialogues. J’aime les films avec des enfants. Je n’ai pas d’enfants moi-même mais je peux m’identifier à eux."

Dans cette nouvelle interview, le cinéaste italo-argentin raconte aussi l'influence qu'il a lui-même ressenti très jeune grâce au cinéma, sa maman adorant l'emmener voir de nouveaux films au cinéma.

"Je me souviens du combat de squelettes dans Jason et les Argonautes, que j'ai vu à quatre ans, et j'ai un souvenir vif de 2001 L'Odyssée de l'espace, découvert à six. Je ne savais même pas ce qu'était un fétus, alors je posais des questions, je lui avais demandé ce que c'était ce gros truc à la fin du film."

Un choc spirituel et esthétique qui l'a profondément marqué, et dont il s'est inspiré dans sa carrière de réalisateur, notamment pour Enter the Void. "C'est un peu mon film de Kubrick, oui", répond-il en rigolant. Il en avait également parlé dans Première, au moment de fêter les 50 ans du film de SF, partageant l'idée de Christopher Nolan que "cette oeuvre devrait être montrée aux jeunes enfants". Noé était alors formel : "Sans 2001, je ne serais jamais devenu réalisateur", nous confiait-il.

"Je me souviens aussi d'être allé voir une rétrospective de Fassbinder avec elle quand j'avais une dizaine d'années, à la Cinémathèque de Buenos Aires. Je ne savais pas ce que c'était qu'une lesbienne et je me retrouvais devant des films qui parlait d'elles, de leurs vies."

Egalement interrogé sur de potentiels regrets, par exemple liés à la violence d'une scène choc d'Irréversible qui a créé la controverse, il répond :

"Non, je n'ai pas de regrets par rapport à mes films. Par contre, il y a quelques idées que j'avais en tête, des projets, qui ne m'emballent plus vraiment aujourd'hui. Il vaut mieux vous lancer dans un film quand vous êtes à fond. Parfois, des idées de cinéma peuvent ne plus vous intéresser au fil du temps, de l'évolution du monde et de celle de votre propre vie. Alors de nouvelles idées deviennent soudainement plus fortes."

Comme celle de voir bientôt un film pour enfants réalisé par Gaspar Noé, conclut Variety : "Un cadeau qu'il offrirait au public et qui pourrait marquer le tournant le plus choquant de sa carrière."