Affiches Films à l'affiche semaine du 20 novembre 2024
StudioCanal/ Pyramide Distribution/ Universal

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
LA PLUS PRECIEUSE DES MARCHANDISES ★★★☆☆

De Michel Hazanavicius

L’essentiel

En adaptant l’œuvre de Jean- Claude Grumberg, le réalisateur de The Artist signe un bouleversant conte sur les Justes et la Shoah.

L’action se déroule en Pologne au cœur de la seconde guerre mondiale. Dans le train conduisant sa famille vers les camps de la mort, un homme balance par la fenêtre son nouveau- né pour lui donner un espoir de vivre. Une bûcheronne va alors recueillir cette petite fille et l’élever contre l’avis de son mari gangréné par l’antisémitisme de l’époque avant de devenir le plus grand défenseur de cet enfant quand ses camarades de travail, mus par la haine du Juif, décideront de l’éliminer. La grande réussite d’Hazanavicius dans cette adaptation de l’œuvre de Jean- Claude Grumberg est d’avoir su traduire en images la puissance irrésistible de cette histoire et sa dimension de conte qui tranche avec l’horreur de cette période. Le tout accompagnée par la voix chargée d’humanité de Jean- Louis Trintignant dans le rôle du conteur. Hazanavicius prouve une fois encore sa capacité à ne jamais s’enfermer dans une quelconque de zone confort.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

MEMOIRES D’UN CORPS BRÛLANT ★★★★☆

De Antonella Sudassassi Furniss

« Enfin libre ! » pourrait être le sous- titre de ce film. Comme le cri du cœur de son héroïne Ana qui, à 70 ans, peut vivre détachée du diktat des différents hommes (père, frère, mari…) qui ont depuis toujours dirigé son existence et violenté son corps. Mémoires d’un corps brûlant s’ouvre sur cette femme nettoyant la poussière sur des cadres de photos qui vont constituer la colonne vertébrale des aller- retour entre ce passé cauchemardesque et ce présent de tous les possibles, dont celui de découvrir enfin l’orgasme. A la manière des Filles d’Olfa et de Little girl blue, Antonella Sudassassi Furniss entremêle docu et fiction pour raconter Ana et faire entendre à travers elle les voix d’autres femmes victimes des mêmes abus, dans une mise en scène inventive peuplée de moments poétiques qui maintiennent le film sur un fil entre rudesse et tendresse, racontant une femme refusant de s’apitoyer sur son sort mais impatiente des beaux moments à venir. Impressionnant.

Thierry Cheze

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DIRECT ACTION ★★★★☆

De Guillaume Cailleau et Ben Russell

Que sait-on de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et d’où nous viennent ces informations ? Des idées approximatives, des images montées (c’est-à-dire trafiquées) ? Voici avec quoi souhaite rompre Direct Action. En un peu plus de 3h30, les deux documentaristes montrent ces citoyens-activistes et leur rendent leur humanité en même temps qu’ils expliquent leur colère, leur mode de vie et d’action. Les séquences durent mais ne se ressemblent jamais : on partage aux camarades les mécanismes psychologiques utilisés lors d’un interrogatoire de police, mais on y prépare aussi un goûter, un anniversaire, un concert de rock… ou une ligne de défense contre la police. La caméra, sereine, patiente, saisit peu à peu son sujet, quitte à attendre que la fumée d’une grenade se dissipe, pour que la vérité, toujours pleine de vie, éclate enfin. Ce documentaire brûlant est sans aucun doute le film le plus politique de l’année.

Nicolas Moreno

 

PREMIÈRE A AIME

DIAMANT BRUT ★★★☆☆

De Agathe Riedinger

Diamant Brut arrive au cinéma après la série Culte. Cette dernière nous laissait sur une promesse, celle du développement fulgurant de la téléréalité en France après le succès de Loft Story. Le premier film d’Agathe Riedinger, lui, prend place dans sa phase terminale car aujourd’hui, la téléréalité fait partie des meubles du PAF, peuplée de jeunes femmes qui en maîtrisent parfaitement les codes malgré l’ignorance feinte. Liane, 19 ans, fait partie de celles-là. Influenceuse à fort caractère, elle correspond en tous points à la figure stéréotypée de la “cagole”. Elle vit à Fréjus dans des conditions précaires, sa mère et sa sœur sur le dos, et nourrit le fol espoir d’être sélectionnée pour l’émission Miracle Island après un casting. C’est cette attente dans le cagnard qu’Agathe Riedinger se plaît à filmer, consciente de l’objectification de ces jeunes filles ultra- féminines des classes populaires, et de leur dévalorisation et avançant donc à tâtons.

Léon Cattan

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LA PASSION SELON BEATRICE ★★★☆☆

De Fabrice du Welz

Conçu comme un « documentaire itinérant », ce film hybride signé Fabrice Du Welz (Vinyan) montre Béatrice Dalle arpentant en 2022 l’Italie sur les traces du grand Pier Paolo Pasolini, cinéaste et poète décédé en 1975 auquel l’actrice française voue une admiration sans faille. Se livrant à cœur ouvert sur son amour pour la vie et l’œuvre de l’artiste italien, Dalle échange également avec le comédien Clément Roussier et avec des spécialistes de Pasolini, si bien que ce voyage devient aussi un portrait de l’actrice et de sa conception d’une existence engagée. Si le rythme du film peut parfois dérouter, la splendeur des images en noir et blanc (pas loin d’évoquer le cinéma de Carl Theodor Dreyer) et la beauté ancestrale de la campagne italienne engendrent une intensité sentimentale rare. Et ressuscitent l’esprit du réalisateur de L'Évangile selon saint Matthieu d’une manière qui tient presque du miracle.

Damien Leblanc

LE PANACHE ★★★☆☆

De Jennifer Devoldère

A 14 ans, Colin fait sa rentrée dans un nouveau collège avec la boule au ventre. Conscient de la cruauté des ados de son âge, il angoisse de sa capacité à s’intégrer à cause de son bégaiement qu’il vit comme un handicap honteux… Jusqu’à sa rencontre avec un prof de français qui va le confronter à ses peurs en lui lançant le défi d’incarner Cyrano de Bergerac dans le spectacle annuel de l’école. L’ombre du Cercle des poètes disparus et de son professeur Keating aimant casser les codes au grand dam de son administration plane sur le nouveau Jennifer Devoldère (Sage- homme). Et elle partage avec Peter Weir ce désir de mêler rires et larmes dans un récit assumant son côté premier degré, sans chercher à finasser ou à en rajouter, aidée par une bande de comédiens épatants, dont José Garcia qui, dans ce rôle de mentor, parachève une belle année ciné, après Nous, les Leroy et A toute allure. Un antidote au cynisme roi.

Thierry Cheze

37 : L’OMBRE ET LA PROIE ★★★☆☆

De Arthur Môlard

Un routier tourmenté prend en stop une femme enceinte qui cache un flingue et un lourd secret. C’est un premier long-métrage, un thriller à concept qui possède bien des fêlures de jeunesse (n’est-ce pas aussi parce que l’on sait que c’est un premier film qu’on se permet ce genre de phrase ?), mais dont le charme finit par opérer. Grâce au duo formé par Guillaume Pottier et Mélodie Simina (formidable en flingueuse en cloque et à clopes), bien casté et bien dirigé sur lequel repose toute la tension. Mais aussi parce qu’on sent chez Arthur Môlard une envie de bien faire et un réel savoir- faire dans l’écriture comme dans la mise en images plutôt que de miser vers le tape-à-l’œil à tout prix. Bref, 37 : L’Ombre et la proie n’a d’un film de petit malin et sa solidité donne envie de surveiller ce que nous prépare son réalisateur dans la foulée.

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

PRODIGIEUSES ★★☆☆☆

De Frédéric et Valentin Potier

Les prodigieuses qui donnent leur titre à ce premier long des frères Potier sont deux jumelles pianistes virtuoses intégrant une prestigieuse université de musique dirigée par un prof infect, prenant un plaisir pervers à créer une rivalité entre elles, alors qu’un autre mal bien plus sourd les ronge. Une maladie orpheline qui fragilise leurs mains et de fait leur avenir artistique. Le film touche juste quand il se concentre sur elles (Camille Razat et Mélanie Robert, impeccables) et le lien insécable qui les unit. Mais il se perd quand il raconte leur relation à un père qui a tout sacrifié pour faire d’elles les meilleures, obsédé par une réussite qui l’a fui, lui. L’écriture du personnage, la direction de jeu donnée à son interprète Franck Dubosc font rimer lourdeur et caricature. Le film étant inspiré d’une histoire vraie, ceci est peut- être fidèle à la réalité. Mais un documentaire aurait alors été une forme plus appropriée pour la raconter. 

Thierry Cheze

LES TEMPÊTES ★★☆☆☆

De Dania Reymond- Boughenou

Dans une campagne aux alentours d’Alger, une étrange poussière jaune alerte les populations locales. Un journaliste hanté par le meurtre de sa femme s’y intéresse alors que son passé refait surface. Discours métaphorique sur une Algérie torturée par ses morts, Les Tempêtes vacille entre le drame et le fantastique mais peine à trouver une intrigue. Chargé par des images de superstition et de deuil, il souffre d’une poésie trop présente où les personnages, pourtant pertinents, se perdent.

Bastien Assié

KAFKA, LE DERNIER ETE ★★☆☆☆

De Georg Maas et Judith Kaufman

En ces temps de domination des biopics wikipediesques obsédés par raconter les personnes concernées du début à la fin de leur existence, ce film a le mérite de se concentrer sur les ultimes mois de l’auteur de La Métamorphose et son histoire d’amour avec une institutrice qui lui a redonné le goût d’écrire avant de sauver une partie de son œuvre qu’il lui avait demandé de détruire. Mais le récit est hélas à l’image de la mise en scène, trop sage, trop scolaire pour traduire les tourments et la complexité de sa personnalité.

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

PIECE BY PIECE ★☆☆☆☆

De Morgan Neville

Piece by Piece, production Pharrell Williams racontant sa vie, tente de faire passer pour une vision artistique (le film est en briques comme La Grande aventure Lego) une sacrée série de lieux communs tout en passant sous silence pas mal de moments clés de sa carrière. Pourquoi mettre la faute d'un passage à vide pré-« Get Lucky » avec Daft Punk sur le compte des « marketeux » ? Comment ne pas tiquer quand les intervenants balancent des énormités comme « Pharrell est le seul artiste à avoir travaillé avec les créateurs de mode » ou que « avant lui, il n'y avait pas de producteur star du hip-hop » ? Aucune mention du procès suite à l'accusation de plagiat de Marvin Gaye pour « Blurred Lines » alors que le film répète que « les meilleures idées viennent du futur, les mauvaises du passé » ? Bref, une sacrée pile de propagande où tout s'imbrique comme par magie.

Sylvestre Picard

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LE CHOIX ★☆☆☆☆

De Gilles Bourdos

C’est l’histoire de Vincent Lindon avec un casque de chantier qui monte dans une voiture. Le logo publicitairement cadré indique qu’il s’agit d’une Renault. La mine des mauvais jours, les mains sur le volant, le justicier Lindon roule dans la nuit. Il doit gérer mille choses à la fois, bascule d’un interlocuteur à un autre au téléphone quand il ne s’adresse pas carrément à son père mort les yeux dans rétro, au cas où le fantôme du daron serait installé pénard sur la banquette arrière. Le Choix est un remake de Locke avec Tom Hardy. Voilà vous savez (à peu près) tout. Côté mise en scène Gilles Bourdos (Renoir, Espèces menacées...) se demande comment faire vivre ce huis clos automobile par essence cloisonné de partout. L’extrême lisibilité de l’image aussi plate qu’une voiture neuve n’a rien d’autre à offrir que le visage d’un Lindon en contre-jour se parlant à lui-même. Le LCU (Lindon Cinematic Universe) vient de franchir un nouveau cap. 

Thomas Baurez

 

Et aussi

D’un pays lointain, de Simon Gillet

Les Enfants, de Rodolphe Marconi

Il faut sauver Noël !, programme de courts métrages

Les Images des ombres, de Hormuz Kéy

Jouer et grandir, de Pierre Beccu

Marcel, Le Père Noël et le petit livreur de pizzas, programme de courts métrages

Van Gogh : poètes et amants, de David Bickerstaff

Les Reprises

Rita, Sue and Bob too, de Alan Clarke