Le réalisateur sud-coréen a tenu à partager son succès avec ses pairs.
Incroyable. Malgré la Bong Joon-ho mania qui a gagné les Etats-Unis et le monde au fil de la saison des prix, on n’osait imaginer un tel succès pour le cinéaste asiatique. Le sacre inattendu de Parasite a dynamité une soirée par ailleurs pauvre en surprises et étrangement rythmée.
Encore plus fort qu’Alfonso Cuaron l’an passé, qui avait remporté trois prix avec Roma (meilleur réalisateur, film étranger et photographie), Bong Joon-ho a raflé quatre Oscars, dont les plus prestigieux : meilleur film et meilleur réalisateur, mais aussi meilleur film international (le nouveau nom de la catégorie) et meilleur scénario original. Du jamais vu pour un film en langue étrangère.
Oscars 2020 : le palmarès completTous les feux étaient pourtant au vert pour 1917 de Sam Mendes, qui s’était encore imposé il y a une semaine aux BAFTAs. Mais le prix de la meilleure distribution reçu par Parasite aux SAG Awards (l’équivalent du meilleur film dans cette cérémonie) avait montré que les portes de l'Acadmie pouvaient s'ouvrir pour la Palme d’Or 2019. Et le film de guerre a dû se contenter des miettes.
Bong Joon-ho a commencé sa moisson par le meilleur scénario original (écrit avec Han Jin-won). Puis, ce fut au tour de l’Oscar du meilleur film international. Le réalisateur venait déjà d’entrer dans l’histoire, signant la première victoire de la Corée du Sud, qui n’avait jamais été représentée dans cette catégorie. "Je suis prêt à boire", lâchait-il hilare et satisfait.
La folle saison des Oscars de Bong Joon-hoMais ce n'était pas fini. Bong Joon-ho entendait à nouveau son nom. Cette fois, pour l’Oscar du meilleur réalisateur. Il rit encore. "Je pensais en avoir fini pour la soirée, je pensais pouvoir me détendre." Puis, plus sérieux, il cite un diction de Martin Scorsese ("le plus personnel est le plus créatif"), entrainant une standing ovation du Dolby Theater pour son aîné. Un bel hommage à Scorsese, qui allait repartir bredouille, auquel il a aussi associé Quentin Tarantino ("aux Etats-Unis personne ne connaissait mes films et tu m'as toujours mis dans tes listes") et les autres "perdants". Un moment sincère d'humilité et de partage.
Il restait alors une dernière cartouche à 1917. L’an passé, Alfonso Cuaron avait eu le meilleur réalisateur pour Roma, lui aussi en langue étrangère, mais c’est Green Book qui avait remporté le meilleur film. C’était sans compter sur la folie Bong Joon-ho. La jolie soirée s’est muée en triomphe historique. Repus, il a laissé la productrice improviser un ultime discours. "Jamais nous n'aurions imaginé remporter ce prix. C’est un moment historique", a répété Kwak Sin-ae, tout aussi estomaquée. Il va pourtant falloir s'y faire. Le grand vainqueur des Oscars, c'était Bong Joon-ho.
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