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Encore (encore !) une adaptation des Tortues Ninja ? En une trentaine d’années, les personnages créés en 1984 par Kevin Eastman et Peter Laird ont connu pas moins d’une grosse dizaine de transpositions sur petit et grand écran, avec à la clé quelques rares grands crus et pas mal d’objets filmiques qu’on préférerait oublier. Alors pourquoi les fans et tous ceux qui ont grandi avec la série télé des années 90 semblent se passionner pour ce nouveau long-métrage d’animation signé Jeff Rowe (Les Mitchell contre les machines) ? Gros projet à gros budget (pas moins de 70 millions de dollars), Ninja Turtles Teenage Years entend ouvrir une nouvelle ère pour la franchise, et se distingue immédiatement par son parti pris scénaristique - raconter l’adolescence des Tortues sous la forme d’une comédie d’action - ainsi que son look inimitable - on jurerait que les dessins ont été réalisés au stylo. Un style qui rappelle forcément le Spider-Verse, mais Rowe et ses équipes explorent des espaces graphiques volontairement plus brouillons, mariant à leur sauce le fond et la forme.
On retrouve donc les quatre ninjas âgés d’une quinzaine d’années, qui rêvent d’arpenter le monde et de sortir des égouts où leur maître Splinter les confine la plupart du temps, par peur que l’humanité ne les rejette. Le film réinvente l’origine des Tortues et en fait des gamins frustrés et rigolards, qui cherchent leur place dans le monde. Aidés par April O’Neil, ils vont tenter de démanteler un mystérieux syndicat du crime, mais une armée de mutants va leur mettre des bâtons dans les roues… Objectif : sauver New York de la destruction.
Très ancré dans son époque (le smartphone tient évidemment une place essentielle), Ninja Turtles Teenage Years joue astucieusement sur les rapports d'échelle (on passe en un claquement de doigts des égouts aux plus haut buildings) et porte l'empreinte humoristique de son producteur, Seth Rogen (SuperGrave revient souvent à l'esprit, en moins gras). Fun, drôle et ultra rythmé, le récit file à toute allure, parfois au risque d’oublier un peu de caractériser les Tortues, ici quasiment interchangeables. Sûrement le gros point noir du film. Mais si l’on accepte de se laisser porter et de mettre de côté les citations pop culture incessantes - et parfaitement lourdingues -, Ninja Turtles Teenage Years se révèle être une aventure survitaminée sur les troubles de l'adolescence. Gageons qu'une inévitable suite saura corriger les menus défauts de ce premier opus.