Première
par Thierry Chèze
L’Iran se trouvait au coeur du festival Reims Polar 2021. Un Iran dominé et gangrené par le vice et la corruption, loin de la pureté revendiquée de l’islam des mollahs tout puissants. Celui de l’impressionnant La Loi de Téhéran, couronné d’un Grand Prix avant de rencontrer un joli succès en salles cet été. Et celui de ce Marché noir, premier long métrage, récompensé, lui, d’un Prix du jury et à qui on souhaite le même parcours. Son action se situe aussi dans la ville de Téhéran et tout part d’un abattoir dans lequel son gardien découvre trois cadavres. Son patron magouilleur (et empêtré dans du trafic de dollars) plaide l’accident. Et pour se protéger d’éventuels dommages collatéraux car il avait la responsabilité du lieu, le gardien fait appel à son fils – tout juste expulsé de France pour avoir agressé un policier qui se comportait de manière violente avec des migrants – pour se débarrasser des corps sans vie qui se révèlent ceux de… trois migrants syriens, dont la fille de l’un d’eux va très vite s’inquiéter de la disparition. Il n’y a pas de suspense à proprement parler dans Marché noir. Le spectateur sait très tôt à peu près tout des victimes et des coupables. Mais ce qui frappe c’est tout à la fois la tension permanente qu’Abbas Amini sait faire monter et l’écriture de ses personnages riche en contradictions et culpabilité dévorante que vont révéler la soif de vengeance de victimes qui refusent de se laisser enfermer dans ce statut. Le puzzle, d’une noirceur étouffante, est mené sans temps mort. Des premiers pas emballants.