- Fluctuat
Jean (Daniel Prévost) est un vieux garçon acariâtre. Sans ami, sans famille, il mène une vie morne et solitaire dont les seuls agréments sont les sarcasmes permanents dont il accable ses collègues de travail. Licencié sans préavis, il se retrouve confronté à sa misérable solitude.
Surgit alors Antoine (Serge Hazanavicius), jeune homme sympathique et gai qui traverse la vie avec un sourire qu'il essaie de partager avec ses semblables. Jean prend le prétexte de cette rencontre pour rendre visite à un parent hospitalisé dans la région d'Antoine. Il prennent la route ensemble pour un périple qui leur permettra de mieux comprendre leurs différences, de se rapprocher et de guider Jean vers le chemin de la rédemption.En 1931, Luis Bunuel, qui s'ennuyait aux Etats-Unis, avait crée un tableau synoptique du cinéma. La combinaison de quatre ou cinq items de départ lui permettait de connaître l'histoire principale, le sort des personnages et la fin du film. Nul doute, que ce film aurait fait sa joie. Les spectateurs n'ont pas à s'inquiéter : ils n'ont pas besoin de ce tableau, mais simplement d'assister aux six premières minutes du film pour se douter des quatre-vingt dix suivantes.
C'est le premier reproche que l'on peut faire au réalisateur : les différents éléments de sa sauce sont archi-connus et l'ensemble manque un peu de sel.
Daniel Prévost excelle pourtant en râleur impénitent et la sérénité du visage de Serge Hazanavicius est parfaitement adapté à son rôle de type chaleureux qui glisse sur l'existence et ses difficultés sans souci apparent. On suit donc ce duo opposé mais complémentaire sans déplaisir malgré l'impression de déjà-vu. Leurs différences sont, bien entendu, prétextes à des situations cocasses qui provoquent un rire bon marché dont on aurait tort de se priver. Mais le comique ne repose que sur cette altérité et paraît vite répétitif.La trame s'étire donc jusqu'au bout sans réelle surprise et rend flagrant le manque d'épaisseur de l'ensemble. Et ce sont les acteurs qui en font les frais car, même si certains éléments narratifs viennent s'ajouter pour participer à la construction des personnages, non seulement ses apports sont tardifs et succincts mais, en plus, ils ressemblent à une figure obligée et attendue (les blessures intimes de Jean, les lâchetés d'Antoine). Ainsi peut-on être gagné par un sentiment d'agacement comme si les interprètes avaient tout exprimé dès les premières scènes. Défaut imputable au scénario, car ce n'est pas le talent du réalisateur qui est en cause mais plutôt son sujet, pas vraiment neuf, et encore moins renouvelé.
Heureusement qu'Eric Le Roch a, pour son premier film, le souci du rythme qui s'exprime par un montage vif et lui permet d'éviter de sombrer dans un pathos trop appuyé. Aussi, si le soleil est au-dessus des nuages, les éclaircies sont trop rares et ne pourront guère faire le bonheur que de quelques dépressif naïfs.Le soleil au-dessus des nuages
De Eric Le Roch
Avec Daniel Prévost, Serge Hazanavicius, Hélène Vincent
France, 2000, 1h36.
Le Soleil Au-Dessus Des Nuages