- Fluctuat
Polar noir et désenchanté, Lady Jane est avant tout une réflexion sur la vengeance, l'engagement individuel et le temps qui passe. Comme d'habitude chez robert guédiguian, la politique s'invite. Elle est même plus intéressante que son récit, un peu trop démonstratif.
- Exprimez-vous sur le forum cinémaLe rouge sang des plaies mal cicatrisées cohabite ici avec le noir de personnages très sombres. Lady Jane est un film en rouge et noir dont la seule image positive - une distribution de manteaux de fourrures, volés, dans un quartier populaire de Marseille - apparaît sous la forme d'un vieux rêve fané. Si, à cette occasion, on devine certaines valeurs du trio de personnages à l'origine de la bonne action - solidarité, partage, honneur, tendance rouge communiste - rien ne laisse penser à leur véritable innocence... car le monde, selon ce robert guédiguian-là, est corrompu depuis trop longtemps.Auteur politique par excellence, il tarde à aborder franchement cette dimension et se consacre d'abord à la construction d'un film de genre. Perdu entre le rapt d'un enfant et les flash-back du trio, il s'agit, pour le spectateur, de rassembler les pièces du puzzle comme dans un incompréhensible Chandler. Ça fonctionne plutôt bien tant que le discours ne l'emporte pas. En particulier, lorsque le rythme, plutôt pépère pour un film noir, sursaute, et nous aussi, dans une scène de parking très efficace.Mais quand il devient trop bavard, il s'essouffle et force le trait en cherchant à rapprocher, sans trop de finesse, histoire individuelle et Grande Histoire. Ainsi, les images du conflit israélo-palestinien, aussi pertinentes soient-elles par rapport au discours du film, sont-elles assénées de façon pataude. En outre, la bande habituelle (ariane ascaride, gérard meylan ) ne convainc pas vraiment, notamment jean-pierre darroussin, qui malgré ses grosses moustaches de Rapetou et sa folie, ne fait jamais peur.Ce n'est sûrement pas le meilleur film de la troupe marseillaise. Pourtant, au-delà du pessimisme ambiant et de l'insatisfaction généralisée de personnages qui doivent faire le deuil du passé, les valeurs défendues séduisent. Car, dans le fond, il s'agit de croire en l'Homme, en sa responsabilité et de souligner que chaque acte engage son auteur. La fatalité n'existe pas. La bêtise, si. I can't get no satisfaction
I can't get no satisfaction
'Cause I try and I try and I try and I try
I can't get no, I can't get no. Lady Jane
De Robert Guédiguian
Avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan
Sortie en salles le 9 avril 2008
Illus. © Diaphana Films
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Lady Jane