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Sean Penn n’a jamais été un acteur qui réalise des films comme ça, en passant, pour se dégourdir les jambes. C’est un auteur, un vrai. Un héritier de la tradition beatnik, qu’il relit à l’aune d’une désespérance caractéristique de la génération X. S’inspirant de Flim-Flam Man, un livre où la journaliste Jennifer Vogel racontait sa relation complexe avec un père arnaqueur et faux-monnayeur, il revient dans Flag Day à ses thématiques favorites : l’inévitable trahison des pères, et les rébellions qui mènent dans l’impasse. Comme le personnage joué par Emile Hirsch dans Into the Wild, John Vogel (joué par Penn lui-même, qui se met donc en scène pour la première fois) fait une lecture maximaliste, presque absurde, de l’idéal de liberté promis par l’Amérique. Et cette incompréhension originelle va le condamner à une fuite en avant mortifère. Esthétiquement, l’acteur-réalisateur redéploye ici son goût pour une forme de collage poétique impressionniste – intrigue à la temporalité éclatée, kaléidoscope d’images saisies à la volée, longues plages musicales… Il est plus que jamais sous l’influence de Malick et d’Inarritu. Mais la comparaison n’est clairement pas à son avantage. Penn s’égare dans ses mosaïques, prenant à peine le temps de caractériser ses personnages autrement que par des raccourcis faciles, et ne trouvant jamais la dimension iconique appelée par le script. Le tandem qu’il forme avec sa propre fille, Dylan Penn, produit peu d’étincelles. Sean Penn est un auteur, incontestablement. Mais pas toujours un réalisateur très inspiré.