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Deux frères acteurs qui, pour leur premier long, racontent l’histoire de sœurs… actrices. Voilà comment résumer à grands traits le passage derrière la caméra de Jérémie et Yannick Rénier dans ce thriller heureusement plus retors qu’il ne peut y paraître de prime abord. Il y a d’un côté Mona (Leïla Bekhti), l’aînée, celle qui, la première a eu envie de devenir actrice, fait le Conservatoire et semblé atteindre son rêve. Et puis de l’autre, Sam (Zita Hanrot), la cadette qui a décollé telle une fusée pour devenir une actrice de renom propulsée en pleine lumière, quand sa sœur a dû se contenter de l’ombre. Au point qu’à l’aube de la trentaine, totalement fauchée, Mona vient s’installer chez Sam où elle va découvrir que cette dernière perd pied comme actrice, épouse et mère. Autant de places que Mona va alors être tentée de réinvestir, comme une vengeance à rebours de ce que la vie lui a volé. Carnivores possède plein de défauts inhérents aux premiers films, des maladresses. En particulier dans la mise en place de son intrigue, de ses personnages et de cette rivalité sur fond de monde du cinéma. Mais plus le film avance, plus il s’enfonce dans le thriller puis le fantastique. Et là, enfin, le film trouve son ton, sa place, son rythme et son climat. Une tension qui se passe de mots. Une animalité qui vous embarque et donne sa singularité au propos. Comme si les cinéastes s’abandonnaient à raconter une histoire à la manière de comédiennes qui s’effacent derrière leurs personnages. Et à ce petit jeu- là, le duo Leïla Bekhti- Zita Hanrot fait merveille.