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Dramaturge de renom, Martin McDonagh a conçu son premier long-métrage comme une tragédie. Très - trop - dialogué, le premier acte établit leurs liens avec un humour absurde typiquement british. En creux, McDonagh dessine une relation filiale élaborée qui rend le noeud de l'intrigue d'autant plus gordien. Portés par la présence des comédiens, les deux derniers actes voient la mise en scène prendre de la hauteur. Tueur de clichés, McDonagh nous invite à une réflexion sur l'image tout à fait stimulante.
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- Fluctuat
Un film de tueurs où l'on s'extasie devant les merveilles architecturales brugeoises. Un film d'action où l'on passe la soirée à siroter des pintes au pub. Un film d'espionnage où un nain s'habille en écolière. Le tableau est pour le moins éclectique. En tout cas, c'est inclassable et c'est à voir !« La Belgique : ses moules, ses frites, et ses tueurs à gages. » La promesse de l'affiche peut mettre l'eau à la bouche ou faire franchement fuir. Pas de panique, il ne s'agit pas de la dernière grasse et indigeste comédie made in USA pour ados bouffeurs de pop-corn. Au contraire, cette petite surprise - venue d'outre-Manche et non d'outre-Atlantique - s'avère plutôt goûteuse ! D'une saveur rarement fleurée ailleurs, même.Aux commandes, le réalisateur et scénariste Martin McDonagh, par ailleurs dramaturge, fait montre de subtilité. Naviguant entre les genres sans risquer l'effet patchwork d'un tel exercice, il équilibre la franche comédie par une petite touche de romance et de drame, fait surgir l'action par surprise, accélérant soudain le rythme d'un déroulement autrement plus posé. S'ajoutant à cette fine réussite, l'humour british ne faillit pas, s'offrant le luxe de la haute voltige entre mauvais goût et gag lourdingue sans jamais tomber dans l'un ni l'autre.Avec son rôle de tueur irlandais réfractaire à la poésie des canaux brugeois, Colin Farrell livre quant à lui une performance aux petits oignons. Jamais à côté de la plaque, il joue la niaiserie, le trauma ou la séduction avec un naturel égal, composant un protagoniste d'une réalité palpable à chaque plan. Son partenaire Brendan Gleeson n'est pas moins au point, mais petit bémol en revanche pour Ralph Fiennes, dont le jeu comme le personnage sont plus caricaturaux.Lorsqu'il évoque son film, Martin McDonagh parle d'une histoire à la fois « drôle, excitante, pleine de danger, étrange et complexe ». Le mélange paraît improbable, pourtant ce sont là les mots justes. Ceux-là même qui font de Bons Baisers de Bruges un film unique en son genre, assez singulier pour n'être pas manqué, et bizarrement aussi anglais que... belge !Bons baisers de BrugesDe Martin McDonaghAvec Colin Farrell, Brendan Gleeson, Ralph FiennesSortie en salles le 25 juin 2008Illus. © SND - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils comédie, film policier sur le blog cinéma- Lire notre petite histoire du cinéma anglais
Télé 7 jourspar Philippe RossPour ses débuts, McDonagh, Oscar du meilleur court-métrage en 2007, livre une épatante comédie noire. Au gré des errances de ses tontons flingueurs, il dégaine un petit film malin et attachant, à embrasser avec fougue.
Ellepar Helena Villovitch"Qu'est ce qu'on fout à Bruges?" Légèrement inquiète, on a tendance au début, comme ces deux tueurs à gages irlandais sommés de s'y planquer, à se poser la question. Car l'intrigue avance peu, même si l'on acquiert une assez bonne connaissance des richesses historiques et touristiques de la cité médiévale... Et puis apparaissent des personnages qui détendent l'atmosphère (...). Sans l'avoir vu venir, on se laisse prendre par la magie du décor et par un scénario de thriller en béton qui nous amène exactement là où il avait prévu de nous amener. Au final, c'est somptueux.
Paris Matchpar Christine HaasEnfant terrible du théâtre, Oscar du court-métrage, Martin McDonagh transpose son univers singulier sur grand écran à travers une farce meurtrière sans temps morts, à mi-chemin entre l'humour noir à la Quentin Tarantino et la poésie existentielle d'un Samuel Beckett. Dans l'ombre d'un décor gothique, sa mise en scène fluide accumule les situations saugrenues, au coeur d'une cour des miracles moderne, peuplée des personnages vulnérables et hilarants. Son regard acéré scrute l'impayable trio de malfrats, incarnés par des comédiens qui font des prouesses avec les dialogues cinglants et des galipettes avec les ruptures de ton.
Le JDDpar Stéphanie BelpêcheCe polar britannique, qui se déroule dans des décors irréels de la cité médiévale flamande, bouleverse les codes du genre avec un sens de l'autodérision teinté de tragédie. Une occasion pour Colin Farrell de ne pas se prendre au sérieux.
Pariscopepar Virginie GaucherNe pas voir dans ce film original un « Bons baisers de Russie » à la James Bond : en dépit du titre il s’agira surtout de « Voir Bruges et mourir ». Cette comédie policière séduit d’emblée par le choc d’un décor éminemment poétique et de deux héros parachutés, décalés, dont un Colin Farrell, surprenant en beauf épais. La ville médiévale et brumeuse enserre de son mystère les deux tueurs, les contraignant à une remise en question, à une évolution. Un conte noir teinté de surréalisme qui se meut peu à peu en tragédie existentielle.