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Première authentique superhéroïne à tenir le haut de l’affiche dans une production Marvel, Jessica Jones ouvre une nouvelle ère pour la maison mère des Avengers, un peu moins aveugle à la diversité de la société américaine.

Cet été au cinema, Ant-Man est venu boucler la phase 2 de Marvel au cinéma. Place à la phase 3, ses pierres de l’infini, Thanos… La routine, quoi. 

S’il doit y avoir une nouvelle donne pour le studio, ce sera courant 2018 avec Black Panther. Cette fois, l’acteur principal sera un Noir, Chadwick Boseman. Suivra un Captain Marvel au féminin. Dix ans après la sortie du premier Iron Man, Marvel se décide enfin à honorer au cinéma sa réputation d’éditeur de comics progressiste, historiquement soucieux de représenter dans ses pages toutes les composantes de la société américaine.

 À la télévision, la révolution a déjà commencé. Après le personnage féminin d’Agent Carter et avant le vigilante afro-américain Luke Cage, Jessica Jones – à découvrir depuis aujourd’hui sur Netflix –, offre au Marvel Cinematic  Universe (MCU) sa première véritable superhéroïne.

Sans faire injure aux espionnes d’élite Black Widow et Peggy Carter, ce que l’on attend d’une superjusticière Marvel, c’est qu’elle puisse, de temps en temps, rivaliser en matière de superpouvoirs bien cool avec un Thor ou un Hulk. Nous voilà enfin servis avec Jessica Jones, femme forte au sens de "vraiment balèze". Capable de faire passer un type par la fenêtre et de soulever une voiture sans sourciller.

Ce genre. Née en 2001 dans les pages de la BD Alias (aucun lien avec Sydney Bristow), la jeune femme ne passe pas son temps qu’à jouer des poings. Ce qui fait le charme de ses aventures imaginées par Brian Michael Bendis, le créateur de la série Powers, c’est justement que Jessica use de ses  "dons", avec parcimonie, "sans les cacher mais sans en faire la publicité", en tout cas sans enfiler de costume. Car pour gagner sa vie, Jessica Jones opère au grand jour comme détective privée.

D’où une séduisante ambiance hardboiled (ce générique !), au diapason de Daredevil, diffusée un peu plus tôt cette année sur Netflix. Les deux séries partagent le même univers, le même décor new-yorkais et la même volonté d’aborder le catalogue Marvel par sa face adulte. Sombre et violente comme son aînée, Jessica Jones a la particularité d’être le produit maison comptant le plus de scènes de sexe.

Pas compliqué au vu du reste de la production, mais il y en a quand même un certain nombre, Jessica (Krysten Ritter, un peu tendre pour le rôle) envoyant même quelques sommiers à la casse pour la peine. C’est un chouette personnage que cette noceuse un peu abîmée par la vie, portée sur la bouteille et les jolis garçons, mais ne s’excusant jamais de ne pas être aussi parfaite que sa meilleure amie, Trish, star de la radio très propre sur elle. La série, en accord avec la nouvelle politique de Marvel, qui a instauré plus de parité aux postes créatifs, est écrite et réalisée par deux femmes, Melissa Rosenberg et S. J. Clarkson.

L’intrigue principale de cette première saison traite explicitement d’empowerment féminin, à travers son grand méchant Kilgrave (David Tennant) qui exerce une emprise démoniaque sur ses victimes. Une véritable série de 2015, donc, pour des studios Marvel un tout petit peu plus en phase avec leur époque.