Ladj Ly et Maria Montessori triomphent à Sarlat : le palmarès du 32e festival du film

Bâtiment 5 et La Nouvelle femme ont reçu deux prix chacun, de la part de 600 lycéens qui préparent un baccalauréat option cinéma.

"T'es jury toi ? Et tu manges du pop-corn au cinéma ?" Cette petite pique envoyée en rigolant par un professeur à l'un de ses lycéens au tout début du festival de Sarlat illustre bien l'ambiance décontractée de cet événement organisé avant tout pour les jeunes étudiants préparant un baccalauréat en option cinéma. Venus d'une dizaine de lycées de l'Hexagone, mais aussi du Canada et des Etats-Unis pour une poignée d'entre eux, les 600 lycéens présents pour cette 32e édition ont fait le plein de films, dans les meilleures conditions possibles : projections sur écran géant au sein du cinéma Le Rex, présentées par les équipes.

Karim Leklou et Stéphan Castang présentent Vincent doit mourir au festival du film de Sarlat.

En cinq jours, ils étaient invités à découvrir une sélection importante et diversifiée. Les sept films en compétition officielle étaient cette année La Nouvelle femme, de Léa Todorov, La Fille de son père, d'Erwan Le Duc, Vincent doit mourir, de Stéphan Castang, Soudain seuls, de Thomas Bidegain, La Tête froide, de Stéphane Marchetti, Bâtiment 5, de Ladj Ly, et Les Rois de la piste, de Thierry Klifa. Soit un mélange de drames intimes, comédies familiales, films de genre et études de la société française d'aujourd'hui. En plus, ils avaient accès à une vingtaine de séances, au choix, au sein de la sélection "tour du monde", allant de Perfect Days, de Wim Wenders, à How To Have Sex, de Manning Walker en passant par La Chimère, d'Alice Rohrwacher ou le film d'animation Mon ami robot, de Pablo Berger. Sans oublier les classiques du programme annuel, comme Affreux, sales et méchants, d'Etore Scola ou des documentaires fraichement restaurés en 4K de Frederick Wiseman.

En plus des projections, les lycéens pouvaient débattre des œuvres vues avec des professionnels du cinéma, filmer par eux mêmes de courtes scènes de fiction dans les rues historiques de Sarlat, ville emblématique du Périgord, ou encore à assister -et même participer pour une poignée d'entre eux- aux enregistrements d'une émission culturelle de la radio France Bleu, qui était organisée tous les soirs dans le hall du cinéma partenaire.

Ladj Ly/Léa Todorov, les deux grands gagnants de la 32e édition du festival de Sarlat.

Pendant cinq jours, ces étudiants ont donc vécu cinéma, parlé cinéma, mangé cinéma (et pas seulement des pop-corns !), et leur passion se ressent forcément dans leur palmarès, dévoilé ce week-end. Les lycéens ont eu deux coups de cœur : La Nouvelle femme, premier film de Léa Todorov qui, pour raconter le parcours hors normes de la fondatrice des écoles Montessori (jouée par la très juste Jasmine Trinca), a fait le choix de la faire évoluer face à un personnage de fiction incarné par Leïla Bekhti. Construire le portrait d'une femme qui a véritablement marqué l'histoire de l'éducation en l'opposant à une anti-héroïne née de son imagination était un défi de taille, relevé avec intelligence par la jeune réalisatrice.

L'autre grand gagnant de cette édition, c'est Bâtiment 5, de Ladj Ly, la suite spirituelle des Misérables. Le réalisateur a déjà annoncé vouloir tourner trois films sur la vie dans les cités, en remontant dans le temps. Après un premier volet choc dénonçant une bavure policière et ses conséquences sur plusieurs habitants d'un quartier, celui-ci s'intéresse à la question tout aussi cruciale du mal-logement.

Rencontré la veille de la remise de prix, Ladj Ly était plein d'espoirs pour cette jeune génération passionnée par le cinéma : "Faire une projection devant plus de 600 élèves, c'est juste incroyable. Aujourd'hui, c'était la plus belle séance qu'on ait eue pour Bâtiment 5, avec une énergie dingue. Ça redonne de l'espoir de voir cette nouvelle génération qui est là, qui est déterminée, qui veut faire du cinéma, qui s'intéresse à des films engagés et politiques. C'est top que la jeunesse soit là."

Nahuel Perez Biscayart et Céleste Brunnquell dans La Fille de son père.

Voici le reste du palmarès, qui a aussi récompensé deux comédiens fabuleux : Florence Loiret Caille, dans un rôle très éloigné de celui qu'elle tenait dans Le Bureau des légendes pour La Tête froide, et Nahuel Pérez Biscayart, le comédien phare de 120 battements par minute et Au revoir là-haut, particulièrement touchant dans La Fille de son père.

Le palmarès complet du 32e festival du film de Sarlat :

SALAMANDRE D'OR, PRIX DU PUBLIC, dotée par la Mairie de Sarlat : LA NOUVELLE FEMME de Léa Todorov

SALAMANDRE D’OR, PRIX DES LYCÉENS, doté par le Conseil Régional de la Nouvelle-Aquitaine : BÂTIMENT 5 de Ladj Ly

SALAMANDRE D’OR, PRIX DU JURY JEUNE, doté par le Conseil Départemental de la Dordogne : BÂTIMENT 5 de Ladj Ly

SALAMANDRE D’OR, PRIX D’INTERPRÉTATION FÉMININE, décerné par le Jury Jeune : ex aequo Florence Loiret Caille dans LA TÊTE FROIDE Jasmine Trinca dans LA NOUVELLE FEMME

SALAMANDRE D’OR, PRIX D’INTERPRÉTATION MASCULINE, décerné par le Jury Jeune : Nahuel Pérez Biscayart dans LA FILLE DE SON PÈRE 

SALAMANDRE D’OR, PRIX DU JURY COURTS MÉTRAGES, doté par l’Association La Truffe : SULEYMAN de Mehdi et Yanis Hamnane Mention spéciale BANC DE TOUCHE de Valérie Leroy

PRIX DES MEILLEURS FILMS LYCÉENS, dotés par Groupama, sont décernés à :
1er prix : SÉROTONINE du lycée Gaston Fébus d’Orthez
2e prix : LOST SONG du lycée Honoré de Balzac de Paris
3e prix : ET SI… du lycée Clémenceau de Reims

Prix coup de coeur de l’école 3IS Bordeaux : I’LL REMEMBER YOU du lycée René Cassin de Bayonne