Javier Bardem excelle dans ce film qui marque le retour gagnant du réalisateur des Lundis au soleil sur le terrain de la chronique sociale et a triomphé aux derniers Goyas.
En juin 2022, Javier Bardem bluffait une nouvelle fois la rédaction de Première grâce à ce film espagnol, El buen patron. Alors qu'il est de nouveau terrifiant dans la saison 2 de Monstres, sur Netflix, Arte diffuse cette comédie grinçante en ce mercredi soir. Voici notre critique.
Il s’en était éloigné avec Un jour comme un autre, plongée dans la guerre en Bosnie puis Escobar sur le narcotrafiquant colombien. Fernando León de Aranoa renoue ici avec l’univers de la chronique sociale qui l’avait révélé voilà 20 ans avec Les Lundis au soleil. Sa première collaboration avec Javier Bardem qui incarne magistralement Juan Blanco, le héros cette comédie féroce. Un patron héritier d’une usine de fabrication de balances en apparence parfait mélange de paternalisme enveloppant et d’autorité juste. Trop beau pour être vrai ?
Une poignée de minutes suffisent pour le comprendre. D’abord par des cris hors champ. Ceux d’un employé furieux de son renvoi qui va camper en face de l’usine pour protester. Le début d’une série d’emmerdes pour Blanco, entre son contremaître qui met la production de balances en danger après la découverte de l’infidélité de sa femme et une irrésistible stagiaire (Almudena Amor, déjà géniale dans Abuela) avec qui Blanco couche avant de découvrir qu’il s’agit de la fille de proches et qui ne se laissera pas faire quand il la larguera comme une vieille chaussette.
El buen patrón est construit comme une souricière étouffant peu à peu Blanco et de Aranao excelle tout autant dans la montée en puissance de ce piège que dans son déploiement et ses dommages collatéraux. Il sait décaler juste ce qu’il faut un récit en apparence programmatique jusqu’à un épilogue à l’amoralisme triomphant. Et raconte brillamment la violence sourde du monde de l’entreprise, dont on ne peut se sortir qu’en retournant ses armes contre elle. Une démonstration de force et de farce.
Bande-annonce :
Javier Bardem : "Dans No Country for Old Men, j’avais l’impression d’être un rouleau compresseur"
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